Maroc-Turquie: l'accord de libre-échange, vraie pomme de discorde

DR

Revue de presseKiosque360. Le gouvernement turc va dépêcher une délégation officielle dans les prochains jours pour examiner avec les autorités marocaines les pistes pour procéder à quelques «rééquilibrages», pour atténuer le déficit de la balance commerciale.

Le 17/12/2019 à 20h10

Les Turcs ne veulent pas se laisser faire. Suite à des déclarations d’officiels marocains sur la volonté de revoir certains aspects de l’accord de libre-échange conclu entre les deux pays, c’est le branle-bas de combat en Turquie. C'est ce qu'on peut lire dans les colonnes du quotidien Aujourd'hui le Maroc de ce mercredi 18 décembre.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a été le premier à se rendre dans le Royaume. Certes, le chef de la diplomatie de Recep Tayyeb Erdogan était officiellement au Maroc pour prendre part à l’événement marquant le 50e anniversaire de l’Organisation de la coopération islamique à Rabat, mais son agenda comptait plusieurs autres dossiers tout aussi stratégiques.

En plus de la crise en Libye, le responsable turc a abordé avec la partie marocaine le dossier commercial tout en promettant de «travailler ensemble pour améliorer davantage les relations bilatérales dans de nombreux domaines». La nouveauté, c’est que le gouvernement turc va dépêcher une délégation officielle dans les prochains jours, pour examiner avec les autorités marocaines des pistes à mettre en oeuvre pour procéder à quelques «rééquilibrages», afin d'atténuer le déficit de la balance commerciale.

Autant dire qu’il ne s’agit nullement d’une remise en cause en profondeur de l’accord de libre-échange conclu entre les deux pays. Même les responsables marocains commencent à parler de la volonté de «dénoncer» certains accords et non de les annuler complètement.

Il faut dire que la balance de l’accord de libre-échange marocoturc penche largement en faveur d'Ankara. Les chiffres sont édifiants. Ainsi, les importations en provenance de ce pays de l’Est de la Méditerranée ont été tout simplement multipliées par quatre depuis l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange en 2006, alors que les exportations marocaines, elles, ont suivi le chemin inverse, notamment au cours des deux dernières années.

Plus concrètement, l’Office des changes avait annoncé que les importations turques avaient atteint la bagatelle de 21,5 milliards de dirhams en 2018, soit une hausse de 11,4% par rapport à 2017 et de 36% par rapport à 2015. Rien à voir, donc, avec les 5,5 milliards DH de produits importés de Turquie voici à peine 13 ans. L’accord signé entre les deux parties semble faciliter l’arrivée de produits de ce pays sur le marché national, puisque les importations dans le cadre de cet accord représentent 72% du total, soit une valeur de 15,5 milliards de dirhams. A contrario, les exportations marocaines vers la Turquie ont atteint, en 2018, la valeur de 5,5 milliards de dirhams, soit une baisse de 20,3% par rapport à 2017 et de 25,7% par rapport à 2016.

Il faut préciser qu’il ne s’agit là que du nouvel épisode d’un long feuilleton entre les deux parties. Rappelons que les responsables marocains avaient pris des mesures de sauvegarde dans plusieurs domaines contre les importations turques, notamment dans le textile.

De leur côté, les responsables turcs n’ont pas hésité à porter certains litiges avec la partie marocaine devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC). L’arbitrage de cette instance n’a cependant pas été contraignant pour le Maroc.

Par Fayçal Ismaili
Le 17/12/2019 à 20h10