La situation des propriétaires et des salariés des cafés et des restaurants interpelle, en ce mois de ramadan. Dans son édition du jour, L’Économiste relève que Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie et du Commerce, a subi un feu nourri de questions lors d'une séance au Parlement. Parmi celles-ci, "l’absence d’une indemnité en faveur des salariés, sachant que les cafés et les restaurants restent fermés 24h/24 pendant la période de ramadan". Il a, en effet, été décidé d’imposer un couvre-feu de 20h à 6h, alors que les opérateurs du secteur s’attendaient à un allègement des restrictions de la circulation pour renflouer leurs caisses. En face, aucun plan d’aide aux personnes impactées par le couvre-feu n'a été adopté.
Selon le quotidien, le dossier est plus compliqué qu’il n’y paraît puisque le ministère soutient que 80% de ces structures opèrent dans l’informel et que 80% de leurs salariés ne sont pas déclarés à la CNSS. Or, pour bénéficier de l’indemnité forfaitaire Covid-19 de 2.000 dirhams, le salarié devait être déclaré à la CNSS en février 2020. "Difficile, dans ces conditions, d’identifier la population à indemniser sans risque d’abus".
En attendant, L’Économiste annonce "une étude en cours pour déterminer la base sur laquelle les personnes concernées pourraient se voir attribuer une indemnité, afin d’éviter que le dispositif ne connaisse des ratés préjudiciables pour les finances publiques". Sauf qu'au rythme où vont l’étude et les dispositifs réglementaires et logistiques nécessaires, le plan d’aide pourrait n’être déployé que vers la fin du mois de ramadan, estime-t-il. Le journal ne comprend pas pourquoi le gouvernement ne s’est pas inspiré de l’aide exceptionnelle attribuée aux personnes travaillant dans l’informel au cours des premiers jours suivant l’instauration de l’état d’urgence, ce qui a permis à plusieurs centaines de milliers de personnes de recevoir une aide mensuelle de 800 dirhams sans aucune étude préalable. Le gouvernement a ainsi prouvé qu'il disposait de moyens nécessaires pour identifier les salariés avant et après la crise sanitaire. Il fallait donc qu'il travaille sur plusieurs scénarios avant de resserrer les conditions de circulation.
Ceci dit, le journal, qui reprend les propos du ministre, rappelle que la crise de ce secteur ne date pas d’aujourd’hui et que les problèmes de l’informel étaient connus bien avant le déclenchement de la crise du coronavirus. "Il s’agit de l’absence de couverture sociale, du non-respect des conditions de sécurité des salariés, allusion à la mort par noyade de 28 personnes dans une usine n’appliquant aucune norme de sécurité. Ils ne paient pas d’impôts et se permettent de critiquer la qualité des services publics".