Le Maroc veut jouer un rôle de premier plan dans l'économine et les finances en Guinée. Les autorités marocaines l’ont clairement expliqué lors de ce Forum d’affaires Maroc-Guinée, troisième du genre en 18 mois. La recontre avait pour objectif de faire la revue de la quarantaine de conventions déjà signées. Une vingtaine de ces conventions lie les deux gouvernements, tandis que le reste concerne les secteurs privés.
Il s’est avéré au cours des échanges entre décideurs et opérateurs économiques des deux pays que le niveau d’avancement des accords est mitigé.
Environ 60% des conventions sont entièrement réalisées ou connaissent un avancement normal. Dans ce lot, figure un accord-cadre de coopération industrielle et commerciale, une convention visant à éviter la double imposition et à prévenir l’évasion fiscale en matière d’impôt sur le revenu.
«Des mises au point»
Au moins 40% des accords connaissent des retards. C’est le cas d’un accord entre la Banque centrale de Guinée et Attijariwafa bank pour le renforcement des capacités de l’institution monétaire guinéenne, un autre entre l’Electricité de Guinée et le groupe BCP ainsi qu’une convention entre le Port de Conakry et le cimentier CIMAF, portant sur une concession de 24 ha pour la construction du terminal de clinker.
Les discussions ont abouti à un engagement de part et d’autre. Même si chaque partie a refusé d’admettre des blocages. Chacun a promis d’accélérer les procédures de son côté pour la normalisation des dossiers.
«Il n’y a pas d’éléments de blocage fondamentaux. On demande d’avoir une certaine accélération et de la visibilité sur certains programmes, mais rien ne nous empêche de faire ce que nous faisons», a fait savoir la présidente de la CGEM, Miriem Bensalah-Chaqroun.
«Il y a eu de petites mises au point et non des blocages. Nous sommes là pour faire avancer les choses», a réaffirmé de son côté le directeur général de l’Agence de promotion des investissements privés (APIP-Guinée).
Le ministre marocain de l’Economie et des Finances s’est montré rassurant. D’après Mohamed Boussaid, le gouvernement guinéen s’est engagé à accélérer le pas pour le bien de la coopération entre les deux pays. «Il n’y a aucun point de blocage. Nous sommes satisfaits de l’état de coopération entre les secteurs privés», a-t-il ajouté.
Opération de charme
En organisant le Forum à Conakry, les autorités guinéennes avaient aussi un autre objectif: celui de signer d’autres accords. Cela devait passer par une opération de charme que le Premier ministre Mamady Youla, fin connaisseur du secteur privé, a menée.
«Le niveau de la demande à satisfaire sur le plan des logements sociaux et des réseaux routiers demeure important», a fait savoir le chef de gouvernement, tout en ajoutant à cette liste les ports et les aéroports, les voies ferrées ainsi que les barrages hydroélectriques.
«Ce forum est une invitation qui vous est adressée pour venir construire avec nous un pays aux potentialités immenses, qui s’apprête à recevoir dans la décennie à venir plusieurs dizaines de milliards d’investissements dans divers secteurs d’activités», a résumé Mamady Youla.
La Guinée a rassuré les hommes d’affaires marocains sur son engagement à améliorer le climat des investissements et à créer un environnement attrayant et propice, à travers l’instauration de la bonne gouvernance.
Appel entendu
Au-delà de l’état des lieux des accords déjà signés, la délégation marocaine, forte de quelque 140 membres, est arrivée à Conakry dans le but de faire de nouvelles prospections avec leurs homologues guinéens.
Le ministre Boussaid a reconnu que des opportunités existent dans les mines, l’agriculture et le secteur du service, notamment. C’est pourquoi il a invité les hommes d’affaires marocains à «saisir ces opportunités réelles».
Il s’est dit convaincu que le processus économique en cours entre les deux pays et les deux économies, contribuera à hisser leurs relations économiques au niveau de l’excellence des relations politiques entretenues par le roi Mohammed VI et le président Alpha Condé. «Le Maroc reste et restera aux côtés de la Guinée pendant les moments difficiles mais aussi dans les périodes très prometteuses à venir», a-t-il déclaré.
Pour cette importante rencontre, la délégation marocaine était dirigée par le ministre de l’Economie et des Finances Mohamed Boussaid et la présidente de la CGEM (Confédération générale des entreprises du Maroc) Miriem Bensalah-Chaqroun.