Le gouvernement est appelé à communiquer sur les détails de sa stratégie de mise en œuvre du nouveau plan d'action pour la promotion de l'emploi. Les objectifs chiffrés fixés pour la promotion de l'emploi sont en effet trop ambitieux et leur concrétisation paraît inaccessible dans le contexte économique actuel, souligne Les Ecos dans son édition du 24 mai.
S'agit-il d'un coup de communication politique qui risque, en fin de mandat, de se transformer en cauchemar pour l'Exécutif et la majorité gouvernementale? L'optimisme affiché par le ministre du Travail, Mohamed Yatim, ne convainc visiblement pas les parlementaires du parti de l'Istiqlal qui dégainent et tirent à boulets rouges sur le gouvernement, accusé de créer de faux espoirs chez les Marocains, en particulier chez les jeunes.
L'approche de l'Exécutif est ainsi pointée du doigt. Il aurait dû, selon les conseillers, s'attaquer en premier lieu à la mise en place d'un nouveau modèle de développement économique pour booster l'emploi. Nombreux son ceux qui ne croient pas aux chiffres avancés par le gouvernement. Même des membres de la majorité n'hésitent pas à afficher leur scepticisme. C'est, par exemple, le cas du parlementaire issu du PPS, Abdellatif Ouammou qui craint la reproduction du même scénario que celui des précédents gouvernements qui n'ont pas pu honorer leurs engagements en matière d'emploi.
Le secteur privé prend également ses distances. Meriem Bensalah, la désormais ex-patronne de la CGEM, a laissé entendre, lors de la cérémonie de signature de la charte de mise en œuvre du plan national de promotion de l'emploi, que la création de 240.000 postes d'emploi par an serait difficile à atteindre dans le contexte actuel. D'autant que ce seuil n'a jamais été atteint au cours des 20 dernières années.
En dépit des critiques, Mohamed Yatim défend bec et ongles la nouvelle vision gouvernementale. Selon lui, l'objectif fixé est basé sur des possibilités existantes dans toutes les stratégies et tous les plans sectoriels. Mieux encore, les objectifs pourraient être revus à la hausse, car le gouvernement n'a pas comptabilisé certains secteurs, dont le secteur informel susceptible de créer des opportunités d'emploi qui seront palpables dans les chiffres de la CNSS après le basculement de ses entreprises vers le secteur formel.
Créer de l'emploi ne sera pas la seule mission du gouvernement. Il devra aussi maintenir les postes d'emploi actuels et améliorer les conditions de travail. Pour y arriver, il compte notamment sur les actions territoriales à travers la conclusion de contrats aves les régions pour la mise en œuvre des programmes régionaux. On s'achemine donc vers la création de centres régionaux de l'emploi. Le gouvernement devra aussi évaluer les programmes nationaux, certains ayant déjà montré leurs limites, afin de les réviser et les développer.
Le gouvernement El Othmani est très attendu sur le dossier de l'emploi. Cette mission ne sera pas de tout repos, d'autant que l'impact du taux de croissance sur la création de l'emploi a considérablement baissé.