Les chiffres le prouvent, le secteur du e-commerce au Maroc est en plein boum. Selon la Fédération nationale du e-commerce au Maroc (FNEM), les transactions en ligne ont dépassé au cours des trois premiers mois de l’année les 21 milliards de DH. Preuve qu’une véritable dynamique se crée derrière les écrans d’ordinateurs. D’ailleurs, voilà deux ans que les professionnels du e-commerce se retrouvent autour de l’annuel Salon du e-commerce organisé à Casablanca sous la houlette du ministère de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies. L’objectif était de renforcer le positionnement d’un secteur en pleine émergence, mais également de favoriser la collaboration entre les différents acteurs du marché virtuel. Seulement voilà, cette année ce n’est pas un mais deux salons du e-commerce qui s’organiseront dans la métropole. Le premier, prévu du 30 mai au 2 juin, est rebaptisé "e-commerce Expo", tandis que le second "salon du e-commerce" donne rendez-vous aux adeptes du paiement en ligne à la rentrée. Pourquoi deux rendez-vous pour un secteur qui n’en est qu’à ses premiers balbutiements ? Le marché est-il assez gros pour supporter deux salons professionnels à quelques mois d’intervalles ?
Les opérateurs se livrent bataille
En coulisses le marché fait l'objet d'une lutte intensive. D’un côté, la Fédération qui se dit "victime d’une campagne de dénigrement menée contre son salon", de l’autre l’agence initialement organisatrice de l’événement, à savoir X-Com, soutenue par l’un des principaux opérateurs de la place, en l’occurrence Maroc Telecommmerce. A ce niveau, pour Sanaa Mouhsine, directrice générale de l’agence X-Com, "il est tout à fait normal qu'il y ait des concurrents sur le même marché". Or, si l’on en croit El Amine Serhani El Idrissi, président de la FNEM, "c'est la fin du partenariat avec Maroc Telecommerce qui a poussé l'opérateur de commerce électronique à soutenir le rival". Explications, jusqu’ici la fédération, qui propose notamment la création de sites marchands, travaillait en collaboration avec le seul opérateur marocain de la place, Maroc Telecommerce. Mais l’arrivée au Maroc de Blue TFS, société commercialisant la solution Fast Payment, a changé la donne, puisqu’en mars dernier la FNEM signe un accord de partenariat avec Blue TFS.
Si X-Com peut se targuer d’avoir "accueilli en 2012 pas moins de 80 exposants et plusieurs dizaine de milliers de visiteurs", il n’en reste pas moins que le lancement d’un nouveau salon pour un secteur – même en pleine explosion - qui reste très réduit est un pari risqué. In fine, combien d’opérateurs marocains ont les moyens de participer à ce type d’événement ? Et entre ceux qui sont affiliés à Maroc Telecommerce et ceux qui s’appuient sur la fédération pour lancer leur e-business, ne risque-t-on pas d’assister à une scission au sein du secteur ? Dans l’état actuel des choses, ne serait-il pas plus judicieux, justement, de concentrer les efforts sur un seul et même événement professionnel, mettant de côté, le temps d’un salon les querelles du business ?
