Le Maroc vient d’autoriser la mise en vente de 67 produits dérivés du cannabis, dont 26 cosmétiques et 41 compléments alimentaires, après leur enregistrement auprès de l’Agence marocaine du médicament et des produits de santé. Une avancée symbolique qui confirme la volonté du Royaume de transformer une culture longtemps informelle en une filière économique structurée, écrit le magazine Challenge.
Pour accompagner ce mouvement, l’Agence nationale de régulation des activités liées au cannabis (ANRAC) a mené plus de 2.200 inspections afin de garantir la conformité et renforcer la crédibilité de la filière auprès des investisseurs.
La dynamique est visible sur le terrain. Durant la saison 2025, près de 4.400 hectares de la variété locale Beldiya ont été cultivés, soit plus de trois fois la superficie enregistrée en 2024. Cette croissance illustre non seulement le potentiel agricole du cannabis légal, mais aussi sa capacité à soutenir la revitalisation économique du Rif, en offrant aux cultivateurs un cadre légal et en posant les jalons d’une filière compétitive et durable.
Depuis l’adoption de la loi en 2021, la légalisation encadrée du cannabis à usage médical, cosmétique et industriel s’impose comme un tournant économique et social. Dans des régions comme Chefchaouen, Al Hoceima ou Taounate, longtemps dépendantes d’une économie grise marquée par la contrebande et l’émigration, l’activité légale a déjà produit des résultats concrets.
En 2024, la production licite a atteint 4.083 tonnes, générant des revenus moyens de 100.000 à 120.000 dirhams par hectare. L’ANRAC a délivré 3.371 autorisations à près de 2.907 agriculteurs regroupés au sein de 189 coopératives. Au total, plus de 2.169 hectares ont été cultivés sous contrôle, dont 1.701 hectares avec la variété Beldiya, réputée résistante à la sécheresse.
Cette structuration progressive dessine un écosystème économique complet: cultivateurs, transformateurs, distributeurs, exportateurs et commerçants. La filière crée déjà des emplois directs et indirects, réduit les risques de corruption et apaise les tensions sociales. La grâce royale de l’été 2024, accordée à près de 4.831 personnes poursuivies pour culture illicite, a marqué un tournant en restaurant la confiance entre cultivateurs et institutions.
Au-delà du médical et du pharmaceutique, le potentiel industriel du cannabis marocain est immense: textiles, matériaux de construction, isolants, produits alimentaires ou cosmétiques. Avec l’appui de partenaires scientifiques comme l’UM6P, l’Institut national de la recherche agronomique et l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II, le Maroc aspire à devenir un pôle régional d’innovation et d’expertise exportable.







