Bank Al-Maghrib accélère sa stratégie pour réduire la dépendance au cash

Selon Bank Al-Maghrib, l'économie nationale est largement dominée par le cash

Revue de presse Dans son rapport annuel 2024 sur les infrastructures des marchés financiers et les moyens de paiement, Bank Al-Maghrib dresse le constat d’une économie encore largement dominée par le cash et détaille les leviers réglementaires, opérationnels et institutionnels mobilisés pour développer les paiements électroniques, en particulier le paiement mobile, et renforcer l’inclusion financière. Cet article est une revue de presse tirée de Challenge.

Le 21/12/2025 à 19h41

Bank Al-Maghrib a présenté sa Stratégie nationale des paiements dans son rapport annuel 2024 sur les infrastructures des marchés financiers et les moyens de paiement, dans le cadre d’une vision visant à réduire l’usage du cash, moderniser l’infrastructure de paiement et renforcer l’inclusion financière. «La banque centrale y dresse un constat marqué par la persistance du paiement en espèces, malgré la disponibilité de solutions numériques accessibles», écrit le magazine hebdomadaire Challenge.

Selon le rapport, le cash demeure le moyen de paiement dominant au Maroc. Cette situation est attribuée à des habitudes de paiement bien ancrées, au poids de l’économie informelle et à une méfiance persistante vis-à-vis du système fiscal. Bien que la demande de monnaie fiduciaire reste supérieure à son niveau d’avant la pandémie, un recul a été observé en 2024. La croissance de la circulation fiduciaire est restée positive, mais à un rythme moins soutenu, sous l’effet de l’opération exceptionnelle d’amnistie fiscale prévue par la loi de finances 2024 pour la régularisation des avoirs liquides détenus en cash. Cette mesure a permis l’absorption d’une part significative des billets en circulation, avec des retours aux guichets bancaires estimés à près de 37 milliards de dirhams.

Dans ce contexte, le développement du paiement mobile, notamment pour les transactions d’achat, constitue un enjeu central de la stratégie de Bank Al-Maghrib. «La banque centrale souligne que ce mode de paiement ne représente à ce stade qu’environ 0,1% du volume total des transactions recensées», note Challenge. Son déploiement à plus grande échelle nécessite, selon BAM, des efforts coordonnés en matière de communication, d’accompagnement des usagers et de mise en place d’incitations destinées à renforcer son acceptation par les consommateurs et les commerçants.

L’année 2024 a marqué une étape importante dans l’avancement de la Stratégie nationale des paiements, élaborée par BAM en concertation avec les acteurs de l’écosystème. Cette stratégie s’appuie notamment sur les conclusions d’une étude sur l’usage du cash et d’une autre sur l’acceptation des paiements électroniques. Dans ce cadre, la banque centrale a poursuivi, avec l’ensemble des intervenants du paiement mobile, le déploiement de campagnes de communication destinées au grand public afin de mieux faire connaître les avantages et les modalités d’utilisation de ce moyen de paiement.

Parallèlement, BAM a mené une étude interne approfondie sur les déterminants de l’usage du cash dans l’économie nationale. Cette analyse vise à comprendre les facteurs expliquant la résilience des paiements en espèces malgré les avancées technologiques et le développement des systèmes de paiement modernes, et à orienter les initiatives destinées à accélérer l’adoption des paiements électroniques.

Des évolutions réglementaires ont également été enregistrées en 2024 afin de favoriser l’acceptation des paiements électroniques. Bank Al-Maghrib a ainsi introduit la décision réglementaire n° 244/W/2024, entrée en vigueur le 1er octobre 2024, relative aux frais d’interchange monétique domestique. Ce texte fixe ces frais à 0,65 % de la valeur de la transaction et encadre les commissions de manière à empêcher leur refacturation aux consommateurs. «L’objectif est de promouvoir l’usage des paiements électroniques, d’améliorer la transparence des coûts et de créer un environnement favorable à la concurrence et à l’innovation», souligne Challenge.

Pour soutenir la dynamique du paiement mobile, BAM a également assoupli le cadre réglementaire applicable aux établissements de paiement, notamment dans le cadre de la mise en œuvre du programme des aides sociales directes. Ces ajustements ont facilité l’enrôlement de nouveaux usagers et la distribution dématérialisée des aides, contribuant ainsi au renforcement de l’inclusion financière. La banque centrale a, en outre, poursuivi ses travaux avec les différentes parties prenantes pour améliorer l’expérience utilisateur, renforcer l’interopérabilité des solutions de paiement mobile et accompagner les commerçants dans l’élargissement du réseau d’acceptation.

Dans le prolongement de ces actions, Bank Al-Maghrib a conduit, en collaboration avec la Banque mondiale, une étude sur les flux financiers de l’État à destination des citoyens, afin de cartographier le niveau de digitalisation des paiements sociaux. Cette démarche vise à généraliser la dématérialisation des paiements publics, à optimiser les flux sociaux et gouvernementaux et à renforcer la coordination entre les institutions impliquées.

Enfin, la banque centrale a intensifié ses efforts pour favoriser l’émergence d’une industrie nationale de la finance numérique. Ces travaux portent notamment sur l’accélération de l’acceptation des paiements électroniques, la définition d’un modèle de gouvernance unifié et l’encadrement de la commission d’interchange, considérée comme un levier clé pour une tarification équitable et une adoption durable des moyens de paiement digitaux.

À fin 2024, le marché marocain compte 21 offres de M-Wallets, dont 12 émises par des établissements de paiement et le reste par des banques. L’encours global des M-Wallets émis par les établissements de paiement est passé de 10,4 millions à fin 2023 à 13,7 millions à fin 2024, soutenu par une hausse des souscriptions de près de 32%. Le stock de comptes a atteint 13,8 millions en 2024, contre 10,3 millions en 2023 et 6,8 millions en 2022. Le nombre de transactions réalisées via les M-Wallets s’est élevé à 19,7 millions en 2024, contre 9,7 millions l’année précédente, pour un montant total de 3,9 milliards de dirhams, principalement en lien avec le versement des aides sociales directes sur les comptes de paiement. Les M-Wallets émis par les établissements de paiement ont représenté 93% du nombre total des transactions et 86% de leur valeur, contre respectivement 7et 14% pour les M-Wallets adossés à des comptes bancaires.

Par La Rédaction
Le 21/12/2025 à 19h41