Comment la Société nationale des Autoroutes du Maroc (ADM) est-elle parvenue à améliorer ses indicateurs financiers sans passer par une recapitalisation, s’interroge L’Economiste dans sa livraison du jour, tout en faisant remarquer que le ratio d’endettement et les capitaux propres de l’entreprise ont enregistré une progression sans que l’Etat n’ait sorti le moindre dirham. Notons que les fonds propres d’ADM sont passés de 8 milliards de dirhams en 2015 à 27 milliards de dirhams en 2018. Une véritable prouesse pour une entreprise publique qui risquait de se retrouver en cessation de paiement, en juillet 2014, et qui avait fait l’objet d’une alerte de la part de la Cour des comptes, reconnaît le journal.
Mais comment ADM a-t-elle réussi cette remontée? L’Economiste explique que la société a procédé à une restructuration financière à partir de juillet 2016 en mettant au cœur de cette opération la réévaluation de ses actifs. Il s’agit là d’une technique souvent utilisée en France, mais qui n’est pas sans risque, notamment en ce qui concerne la transparence de l’information comptable. «Le cadre comptable actuel permet aux entreprises d’opérer une réévaluation de leurs actifs corporels et financiers. Cette réévaluation libre du bilan peut être faite sur la base de plusieurs méthodes dont l’économique et la patrimoniale», font remarquer des responsables, cités par le quotidien, à la Direction des établissements publics et de la privatisation. On apprend que la réévaluation patrimoniale des autoroutes a été faite avec l’appui d’un cabinet spécialisé et qu’elle a montré un écart estimé à 22 milliards de dirhams. Celle économique a permis à ADM de dégager un écart économique de 27 milliards de dirhams.
L’Economiste indique aussi que la restructuration financière de l’entreprise, lancée en 2016, a été axée sur plusieurs mesures, parmi lesquelles la fusion et le rallongement des concessions. « Nous avons regroupé toutes les concessions pour pouvoir faire l’adossement entre les tronçons rentables et les non rentables. Nous avons allongé la durée pour nous aligner sur les tronçons non rentables et les faire bénéficier des possibilités de l’adossement», explique Anouar Benazzouz, directeur d’ADM.