À Rhamna Valley, une plateforme pour promouvoir l’accès au savoir

Mahir Center consolide la vocation de Ben Guérir en tant que cité du savoir par excellence.

Mahir Center consolide la vocation de Ben Guérir en tant que cité du savoir par excellence. . le360

Mahir Center consolide la vocation de Ben Guérir en tant que cité du savoir par excellence. La plateforme fondée conjointement par le groupe OCP, l'UM6P et Connect Institute vise à former un vivier de talents à même de contribuer activement au développement du Maroc.

Le 21/03/2022 à 21h06

L'œuvre est à première vue banale: une plaque blanche dans laquelle s’incruste des mini-planches en bois carrée, disposées verticalement, un peu comme des livres dans une bibliothèque. Cette représentation improvisée par une cohorte de jeunes du Mahir Center se risque, à travers, un recueil de métaphores de deux penseurs appréciés de leur époque (Ibn Hazm (994-1064) et Ovide (43 av. J-C. - 17 ou 18 ap. J-C.) dans une confrontation non violente d’idées autour du thème retenu cette année, l’amour. Pari sérieux, mais relevé avec brio! L’exposition collective parvient à établir un dialogue entre les civilisations romaine et andalouse en mettant en relief des similarités culturelles frappantes.

En saisissant par exemple, le chapitre des «signes fait avec l'œil», le poète latin se livre: «tu pourras la regarder, tu pourras l’admirer, tu pourras lui dire mille choses par le mouvement des sourcils». Son homologue musulman, lui, partage la même perception, simplement formulée différemment: «Sache que l’œil tient lieu de messager et par lui on comprend les intentions (d’autrui). Les quatre (autres) sens sont les portes du cœur et les accès de l’âme, mais l'œil est le plus pénétrant, le plus sûr dans ses indications, le plus parfait dans sa fonction…».

«Avant d’établir le rapprochement entre les deux poètes, il a fallu, au préalable, passer en revue, L’Art d’aimer d’Ovide et Le Collier de la colombe d’Ibn Hazm, s’imprégner du contenu afin de pouvoir établir des jonctions», fait savoir Mamoun Ghallab, coordinateur du réseau Mahir. L’adaptation de textes philosophiques en fresque littéraire s’inscrit dans le cadre de la troisième exposition «Nabni» organisée par le réseau Mahir, dont la finalité est de permettre aux jeunes de s’instruire, tout en donnant libre cours à leur créativité. D’autres mises en scène exposées en marge de cette manifestation culturelle offrent matière à réflexion. Objectif affiché: réconcilier les jeunes avec la lecture et la culture de l’échange et du débat.

Mais la mission première de la plateforme est davantage orientée résultat. A long terme, elle vise à former des jeunes citoyens capables de se prendre en main. «La situation des jeunes aujourd’hui est assez alarmante. Près de 70% des jeunes sortent des collèges sans savoir ni lire ni écrire… Le but derrière une telle approche est d’encourager à l’innovation et de créer des espaces sans attendre forcement une main tenue du gouvernement. Car c’est de l’espoir que naît l’innovation», tonne Taha Balafraj, directeur du Mahir Center.

Cette mini-révolution copernicienne dans le domaine de l’éducation est le propre aussi de «Act School». Un réseau actif à Youssoufia, El Jadida et Khouribga et qui entend favoriser l’accès au savoir sur une échelle plus large, en faisant appel notamment au ludique et à travers des activités telles que le théâtre ou encore la production de contenu digital et artistique. «Ce programme m’a permis à titre personnel de développer des connaissances que malheureusement je n’ai pas pu acquérir à l’école, comme la communication, l’esprit critique», témoigne, entre autres, Mohcine, bénéficiaire du programme Act School. «Lire, échanger et débattre… sont les objectifs phares de notre programme», résume Mohcine Soubre, responsable Act School à Youssoufia. Le programme, qui s’étale sur un an, se veut également une approche collaborative où chacun des participants apporte sa part du colibri, dans le but de pérenniser le projet.

«Une jeunesse cultivée et épanouie est le véritable moteur de développement pour le Maroc, et ceci est encore plus vrai avec la crise actuelle», martèle Taha Balafraj. Fondés conjointement par le groupe OCP, l'UM6P et Connect Institue, Mahir Center et Act School sont, deux maillons d’une même chaîne dont la mission est de libérer le plein potentiel des jeunes et former un vivier de talents à même de contribuer activement au développement du Maroc.

Par Ayoub Ibnoulfassih
Le 21/03/2022 à 21h06