L'écrivaine Bouthaina Azami est très sensible. Sa sensibilité et sa sincérité dans la création font d'elle une personne à fleur de peau. Tout l'émeut. Tout l'affecte.
Pour exprimer ses émotions, elle écrit, et aujourd'hui, elle peint aussi. "La peinture fait désormais partie de ma vie", dit elle simplement.
Sa première exposition individuelle, "A fleur de mondes", à découvrir jusqu'au 30 décembre à la Villa des Arts de Rabat, ne raconte pas d'histoires.
"Je dis souvent que je ne raconte pas d'histoires dans mes romans, ce qui n'est pas vrai, mais ce qui m'intéresse d'abord c'est de filer des émotions", dit-elle. Cette phrase de Bouthaina Azami illustre parfaitement ce qui l'a poussé à explorer un nouveau monde, celui du dessin, de la photographie et de la peinture... L'émotion, avant tout.
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Même si le sujet autour des femmes, des violences qu'elles subissent souvent, semble prédominer dans les oeuvres données à voir, le veritable thème est en réalité ce désir de l'écrivaine de s'exprimer à travers un autre, et nouveau, médium. "Le dessin a fini par faire partie de mon aventure romanesque et littéraire lorsque j'ai ressenti une certaine aphasie. Dans mon troisième roman, Le Cénacle des solitudes, des images se sont imposés à moi, à des moments forts du texte où les mots se sont, paradoxalement, mis à m'échapper. C'est ainsi que plusieurs dessins, des croquis se sont glissés dans le texte".
En observant la trentaine d'oeuvres de Bouthaina Azami, exposées dans l'espace intimiste de la Villa des Arts de Rabat, on découvre de quelle manière l'écrivaine continue son tissage de l'émotion. Ici, elle passe de l'émotion de la narration à l'émotion du dessin, une émotion purement picturale.
Finalement, cette nouvelle aventure de Bouthaina Azami n'est pas un corps étranger, comme pourraient le laisser croire certains a prioris autour de ce "transfert" audacieux de l'écriture à la peinture. Cette nouvelle aventure n'est qu'une continuité, une mise à nu nécessaire, qui force les portes de l'humilité.