Il aura fait couler beaucoup d’encre, suscité nombre de polémiques pour finalement être interdit de vente dans les libraires marocaines. C’est ce qu’a décidé le Tribunal de première instance de Marrakech concernant Sahih Al-Boukhari, fin d'une légende de Rachid Aylal. Ainsi, toute distribution du livre dans les bibliothèques publiques et toute vente dans les librairies privées de cet ouvrage sont strictement prohibéees, nous apprend Al Ahdath Al Maghribia.
Le quotidien, qui certifie détenir copie du jugement, avance que cette interdiction a reposé sur les dispositions du Code de la presse et de l’édition, principalement les articles 71, 104 et 106 de la loi 13.88. Celle-ci devient ainsi exécutoire. Le motif: «certaines pages de cet ouvrage constituent une atteinte à la sécurité spirituelle des citoyens et une infraction aux règles religieuses communément admises», explique le quotidien. C’est ce même «argument» qui avait poussé le wali de la région de Marrakech à décider la saisie du livre.
Les deux mesures constituent «le prolongement» d’une polémique née dès la sortie en 2017 de l’ouvrage et même avant, certains passages ayant été dévoilés à travers les réseaux sociaux. Le Conseil de la ville de Marrakech, dirigé par le maire Mohamed Larbi Belkaid (NDLR) appartenant au Parti justice et développement (PJD), avait déjà interdit une cérémonie de signature du livre. Une émission radio censée réunir l’auteur et le cheikh salafiste Hammad El Kabbaj a également été annulée. L’auteur n’a d’ailleurs pas échappé aux accusations d’apostasie de la part des ténors du salafisme au Maroc ni aux menaces de mort de la part d’inconnus, ajoute Al Ahdath Al Maghribia.
«Sahih Al-Boukhari, fin d'une légende» est une critique de la compilation de hadiths attribués au prophète Mohammed faite par Boukhari. Compilation considérée dans certains milieux comme la plus authentique après le Coran. Or, l’auteur en conteste nombre de textes et va jusqu’à émettre le doute que Boukhari en soit le véritable rassembleur. Résultat, même des oulémas officiels ont attaqué Aylal. C’est le cas notamment de Mustapha Benhamza, président du Conseil des oulémas d’Oujda qui a traité le chercheur d’ignorant «ne connaissant ni la charia ni l’histoire du sunnisme et encore moins celle de l’imam Boukhari». Benhamza a même annoncé le lancement d’un prix, d’une valeur de 100.000 dirhams, pour celui qui mènerait une contre-enquête.