Le Comité national du programme "Mémoire du monde" de l'Unesco (Organisation des Nations-Unies pour l'éducation, la science et la culture) a décidé, en marge de sa réunion annuelle, de créer l'Association marocaine de la mémoire du monde, qui siègera au sein de la Fondation "Archives du Maroc" à Rabat. Les initiateurs ont indiqué, dans un communiqué, que cette nouvelle Association œuvrera à promouvoir les principes fondamentaux de la préservation du patrimoine national documentaire, des manuscrits et des gravures anciennes dans toutes les langues, pour en faire un outil de développement économique et social. Elle aura également pour objectif de protéger juridiquement ce patrimoine, à travers son inscription au registre du patrimoine national et international au sein du programme "Mémoire du monde".
Créé en 1992 sous l'égide de l'UNESCO, le programme "Mémoire du monde" vise à sensibiliser la communauté internationale à la richesse du patrimoine documentaire, à la nécessité de le préserver pour les nouvelles générations, et de le mettre à la portée d'un large pan de la société. Le Comité national du programme "Mémoire du monde", fondé en 2008, avait déjà présenté quatre propositions en vue d'une inscription sur la liste du patrimoine mondial en 2009. Il s'agit d'une copie de la bibliothèque Quaraouiyine de Fès de l'ouvrage "Kitab al-ibar, wa diwan al-mobtadae wa al-khabar, fi maerifati ayyam al-arab wa al ajam wa al barbar, wa man âsarahom min dawi assoltan al akbar" d'Ibn Khaldoun, d'une copie inédite à la même bibliothèque du livre "Al Ourjouza Tibiya" d'Ibn Tofaïl, d'une copie de la bibliothèque nationale du Royaume du Maroc de l'ouvrage "Atassrif Liman Ajaza Ani Taelif" d'Abi Kacem Zahraoui et du site de gravures rupestres à Foum Chena (province de Ouarzazate). En 2010, le cinquième tome du livre "Kitab Al Ibar", une copie de la bibliothèque Quaraouiyine à Fès, a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.
Ce manuscrit d'Ibn Khaldoun traite de l'histoire politique et sociale, tout en menant une réflexion profonde sur la logique de l'émergence, de la constitution et de la décadence des Etats. Certains le qualifient d'oeuvre pionnière en matière de sociologie, d'autres comme un traité de philosophie politique. Il reste pour les historiens un écrit majeur de l'histoire en générale et des pays arabo-musulmans en particulier.