L’écrivain Kamel Daoud récompensé par le prix Goncourt pour son roman sur les massacres de la «décennie noire» en Algérie

L’écrivain Kamel Daoud, lauréat du Prix Goncourt 2024, en compagnie de Tahar Ben Jelloun, membre du Jury, au restaurant Le Drouant à Paris après l’attribution du Prix Littéraire.

L’écrivain Kamel Daoud, lauréat du Prix Goncourt 2024, en compagnie de Tahar Ben Jelloun, membre du Jury, au restaurant Le Drouant à Paris après l’attribution du Prix Littéraire.

L’écrivain franco-algérien Kamel Daoud a été récompensé par le prix Goncourt pour «Houris», son roman sur les massacres de la «décennie noire» en Algérie. Le plus prestigieux des prix littéraires français placera ainsi sous les projecteurs cette période sombre de l’Histoire algérienne, dont des acteurs tiennent aujourd’hui de hauts postes au sommet du régime.

Le 04/11/2024 à 11h49

Les dix jurés du prix Goncourt ont voté ce lundi 4 novembre pour choisir le lauréat du plus prestigieux des prix littéraires français. Et leur choix s’est porté sur Kamel Daoud, pour son roman «Houris» (éd. Gallimard), qui avait déjà remporté le Goncourt du premier roman en 2014 pour «Meursault, contre-enquête».

Cette année, il s’est imposé face aux trois autres finalistes que sont Gaël Faye, avec «Jacaranda» (éd. Grasset), Sandrine Collette, avec «Madelaine avant l’aube» (éd. JC Lattès) et Hélène Gaudy, avec «Archipels» (éd. de L’Olivier).

L’attribution du plus célèbre prix littéraire français au roman de Kamel Daoud place sous les projecteurs la tragédie de la «décennie noire» (1992-2002) en Algérie, une période sur laquelle le régime au pouvoir impose une omerta totale. Une véritable chape de plomb alourdie par une loi interdisant la moindre évocation de cet épisode sombre de l’Histoire du pays, désormais considérée un «crime» passible d’une lourde peine d’emprisonnement.

Un coup de projecteur sur la «décennie noire» algérienne

Et pour cause, nombre des protagonistes de la «décennie noire» algérienne, ayant commis des crimes de guerre, occupent aujourd’hui de hauts postes au sommet du régime. C’est notamment le cas du général Saïd Chengriha, chef d’état-major de l’armée algérienne, ou encore du général Abdelkader Haddad, alias Nacer El Djen, le patron de la sécurité intérieure algérienne.

Il n’est donc pas étonnant que le régime algérien ait tant appréhendé que le roman de Kamel Daoud soit couronné par le prix Goncourt, allant jusqu’à mener une campagne de dénigrement contre son auteur, et même contre Tahar Ben Jelloun, accusé, en tant que membre de l’Académie Goncourt, de manipuler ses pairs pour nuire à l’Algérie. Les autorités algériennes ont également décidé d’interdire aux éditions Gallimard, qui publient le roman, toute présence au Salon international du livre d’Alger, prévu du 6 au 16 novembre.

Il faut dire que la prestigieuse récompense est synonyme d’une immense médiatisation qui garantit au roman un statut de best-seller, ouvrant la voie à de nombreuses traductions dans le monde entier. La consécration de l’écrivain franco-algérien, et surtout celle de son livre «Houris», va sans doute faire l’effet d’un séisme chez le voisin de l’Est.


Par Le360 (avec AFP)
Le 04/11/2024 à 11h49