Le jury exclusivement féminin a également décerné le Femina étranger à l'Espagnol Manuel Vilas pour "Ordesa", et un prix spécial pour l'ensemble de son oeuvre à l'autrice irlandaise Edna O'Brien.
"C'est un livre où j'ai essayé de parler du désir de liberté qu'on a un peu tous", a déclaré l'écrivain français, Sylvain Prudhomme, 40 ans, à la remise de son prix à Paris, dans un salon du très chic Cercle de l'union interallié, près de l'Elysée.
"Mon livre, a-t-il reconnu, est aussi sur la liberté qu'on laisse à ceux qu'on aime".
L'écrivain français, qui signe là son huitième roman, succède à Philippe Lançon couronné l'an dernier pour "Le lambeau", récit autobiographique sur une reconstruction, physique et psychique, après la tuerie dans les locaux de l'hebdomadaire Charlie Hebdo en janvier 2015 à Paris.
"Par les routes" met en scène un homme d'une quarantaine d'années jamais autrement nommé que "l'auto-stoppeur".
En couple avec une traductrice nommée Marie, père d'un petit garçon, l'auto-stoppeur ne peut s'empêcher de partir régulièrement, pouce levé, au hasard sur les routes de France.
L'histoire est racontée par Sacha, un ancien ami de l'auto-stoppeur. Écrivain, Sacha est venu s'installer dans une petite ville du sud-est sans savoir qu'il y retrouverait l'ancien compagnon de jeunesse avec qui, vingt ans auparavant, il avait sillonné la France en auto-stop.
L'un s'est assagi, l'autre, doux et aimant, a toujours pourtant ce besoin paradoxal de bouger, d'aller voir d'autres ailleurs même si, le plus souvent, ce sont des aires d'autoroutes. "C'était comme s'il avait toujours besoin que sa trajectoire en frôle d'autres", écrit joliment Sylvain Prudhomme en parlant de son auto-stoppeur.
Au fil des absences de plus en plus longues et fréquentes de l'auto-stoppeur, Sacha se rapproche de Marie et de leur fils Agustin.
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Mais le livre du romancier, publié chez L'Arbalète/Gallimard, n'est pas un vaudeville. Ce qu'offre Sylvain Prudhomme, qui a figuré dans les sélections du prix Renaudot, de l'Interallié et du Grand prix du roman de l'Académie française, est une splendide ode à la liberté. Il existe une multitude d'existences possibles, rappelle l'écrivain.
Le livre (304 pages) est délicat, sans emphase. La tonalité du roman oscille entre Lodoli (l'écrivain italien que traduit Marie et dont elle dit: "toujours la même chose. La vie qui passe. Le temps qui s'en va. C'est tout simple, il n'y a jamais rien de spectaculaire") et Leonard Cohen qu'on entend fredonner "Famous Blue Raincoat", où il est question d'une fille que l'on est deux à aimer et où l'un des garçons dit à l'autre: "je suis heureux que tu te sois trouvé sur ma route".
Camille Laurens, présidente cette année du jury du Femina, a salué en "Par les routes" un livre "très contemporain qui dit quelque chose de très fort sur l'amour et l'amitié et en même temps sur cette jeunesse qui ne veut pas s'en aller".
Le Femina essai a récompensé Emmanuelle Lambert pour "Giono, furioso" (Stock). Une mention spéciale en tant que "lanceur d'alerte" a distingué "La fabrique du crétin digital: les dangers des écrans pour nos enfants" (Seuil) de Michel Desmurget.
La saison 2019 des prix littéraires du monde francophone, semaine la plus attendue et la plus redoutée des éditeurs, s'est ouverte par le plus prestigieux d'entre eux, le Goncourt, décerné lundi au discret écrivain français Jean-Paul Dubois pour "Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon" (L'Olivier).
Le prix Renaudot a été remis lundi à Sylvain Tesson pour "La panthèse des neiges" (Gallimard).
Reste encore à décerner le Médicis qui fera connaître son choix vendredi pour ce prix réputé couronner des oeuvres aux qualités littéraires affirmées et remis l'an dernier au subversif Pierre Guyotat pour "Idiotie" (Grasset).