La master class de Saïd Taghmaoui à Casablanca sans langue de bois

Saïd Taghmaoui. 

Saïd Taghmaoui.  . Saïd Bouchrit / Le360 (capture image vidéo)

Le 02/08/2022 à 20h52

VidéoActeur à la carrière internationale, Saïd Taghmaoui a animé une master class hier, lundi 1er août 2022, dans une école de formation au métier d'acteur à Casablanca. Une vraie leçon de courage, de persévérance et d'humilité, qu'il a menée de main de maître. Compte-rendu.

C’est à une véritable leçon d’humilité que des étudiants en acting dans une école privée de Casablanca ont eu droit, avec, comme professeur, Saïd Taghmaoui.

L'acteur franco-marocain à la carrière internationale a animé hier, lundi 1er août 2022, une master class à l’Acting studio, école de formation au métier d’acteur qui se trouve au Maârif.

Avec sa chemise bleu clair, son jean's noir et ses bottines en cuir, c'est en toute décontraction, serénité et rigueur qu'il leur a délivré ses messages: «Maintenant on ferme la porte s’il vous plaît et on ne dérange plus personne», a-t-il fermememnt lancé aux organisateurs, en préambule à cette rencontre.

Professionnalisme, respect de soi et de l’autre... Au centre de sa carrière de plus de trente ans, a-t-il expliqué, il y avait d'abord ces valeurs.

«Il faut se respecter tout le temps, être humble tout le temps, se cultiver tout le temps…», a décrit Saïd Taghmaoui à ces jeunes apprentis acteurs qui rêvent de lui ressembler.

Pour atteindre ce rêve, les jeunes ont donc attentivement écouté ce qui a jalonné l'impressionnante carrière cinématographique de cet acteur, à l'affiche de nombreux films, entre autres aux côtés de Keanu Reeves ou de Robert de Niro. Saïd Taghmaoui leur a expliqué qu'il a dû faire un ensemble de concessions, qui ont même pu impacter sa vie personnelle.

«Je viens d’une famille pauvre, d’un village amazigh du fin fond du Maroc. [Nous avons émigré] en France, où je suis né. Je n’ai jamais pensé qu’un jour j’allais arriver là où je suis aujourd’hui, mais j’y ai cru et j’ai travaillé dur. Très tôt, j’ai fréquenté les plateaux de tournage, qui me fascinaient. J’ai commencé par y préparer des sandwichs, j’ai fait du café…», a-t-il raconté, debout, tel un professeur, certes mais sans tableau derrière lui. 

«Ce métier, c’est toute ma vie, et c’est bien pour cela que je n’ai ni femme ni enfants», a-t-il aussi expliqué, tout en précisant que «ça ne veut pas dire qu’il faut faire comme moi, car c’est finalement une question de destin de chacun…».

Said Taghmaoui a adressé plusieurs messages en parlant d’une manière imagée. Comme lorsqu’il a comparé le parcours d’une vie au chemin d’un singe dans la jungle, s’accrochant à des lianes, ou lorsqu’il a évoqué des fils de génie, qui sont en fait loin d'être des génies...

Il a aussi évoqué, comme image métaphorique, des pommes qui tombent d'un pommier, et qui s'avèrent être pourries… «Je n’ai rien contre les "enfants de", mais le génie ne se transmet pas dans le sang». 

Saïd Taghmaoui a certes suggéré à l'ensemble de son audience de rester humble, d’avoir aussi ce courage d’affronter la vie, de travailler dur sans relâche, mais il leur a également conseillé de s’entourer de personnes plus expérimentées, à même de leur permettre d'évoluer. 

Saïd Taghmaoui, qui parraine un orphelinat à Essaouira, province dont il est originaire, vient d'achever voici trois semaines le tournage de Tin Soldier de Brad Furman, où il joue aux côtés de Robert de Niro et de Scott Eastwood. Un film qui évoque les syndromes post-traumatiques de soldats qui ont affronté cette horreur sans nom qu'est une guerre. 

Par Qods Chabaa et Said Bouchrit
Le 02/08/2022 à 20h52