Affreux, sales, méchants et pourris, mais... pudibonds

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ChroniqueJe vous préviens, aujourd’hui, je ne vais pas faire dans la dentelle. Mais, rassurez-vous, ce n’est pas du tout de notre nouveau gouvernement qu’il s’agit. D’ailleurs, je n’ai plus grand-chose à dire après tout ce qui a été dit. Que pourrais-je bien ajouter?

Le 11/04/2017 à 10h58

Je ne vais quand même pas vous ressasser l’histoire des 30 qui sont devenus 39 alors qu’ils auraient pu se limiter à 36; ni celle des seconds qui ont eu la part des premiers qui ont failli devenir derniers; ni celle des 9 fameuses femmes ministres, dont une seule l’est réellement; ni celle de ceux qu’on a rétrogradés mais qui auraient accepté n’importe quel poste pourvu qu’il y ait un portefeuille; ni enfin celle de l’eau qu’on retrouve partout alors que l’écologie, elle, on ne la retrouve plus nulle part, mais ça, il ne faut pas le dire trop haut sinon nos amis de la COP22 risquent de nous entendre.

En tout cas, je vais vous épargner toutes ces répétitions inutiles, mais dès la semaine prochaine, les nouveaux comme les anciens ministres risquent bien de m’entendre. D’autant plus que leur nouveau chef, tout psychiatre qu’il est, va mettre sûrement beaucoup de temps avant de tuer le père. Et en attendant de pouvoir un jour le faire, ce que j’en doute personnellement fort, car, justement, le mec est très fort, Docteur El Othmani va continuer d’essayer de montrer qu’il l’aime toujours, et pas seulement lui, tous ses frères et toutes ses sœurs aussi. 

Bref, le titre plein de qualificatifs lourds de sens, je l’offre à tous ces gens qui n’arrêtent pas de nous gonfler avec leurs gueulantes mal placées d’anges puritains à chaque fois qu’ils entendent un petit “gros” mot ou qu’ils voient un minuscule bout de peau suspect d’une nana même juste sortant de son bain. Mais, attention: pas partout. Seulement à la télé et au cinéma. Ailleurs, c’est-à-dire dans la rue, on peut sortir toutes les insanités du monde, ou bien mettre sous leurs yeux tous les enfants, justement de rue, complètement nu(e)s, ça ne va ni les choquer ni encore moins les émouvoir. Ces gens-là, c’est l’écran, le petit comme le grand, qui leur fait peur.

En fait, ce n’est pas qu’ils ont la trouille. Dans leur vie de tous les jours, ils ne reculent devant rien, et encore moins, devant les trucs les plus obscènes et les plus abjects. Mais, dès qu’ils rentrent chez eux, qu’ils mettent, lui sa gandoura de faux dévot, elle, son voile d’ex-vierge effarouchée, ils deviennent des censeurs en puissance: couvrez tous ces corps que nous saurions voir et faites taire toutes ces insolentes et tous ces voyous mal élevés qui osent s’introduire chez nous! Fermez toutes ces chaînes et toutes ces salles qui diffusent toutes ces insanités!

Vous avez sans doute suivi cette non-affaire du documentaire sur l’amour sur 2M réalisé par Leïla Marrakchi, une des plus douces et des plus tendres de nos réalisatrices, et qui avait fait réagir des jeunes, entre autres, sur la sexualité. C’est effarant ce que j’ai lu et entendu à ce propos. Du n’importe quoi! Tenez, pas plus tard qu’hier soir, j’ai reçu une vidéo où l’on voit un taré qui déverse pendant plusieurs minutes son venin nauséabond sur la chaîne 2M, sur Nabil Ayouch et sur tous ceux qui les soutiennent et qu’ils traitent de “juifs”, de “sionistes”, de “maçonniques” et autres joyeusetés racistes, haineuses et stupides. Si ce type s’est permis de diffuser impunément sa vidéo sur internet, c’est parce qu’il se croit couvert par la solidarité des nombreux imbéciles et des nombreuses imbéciles qui pensent et agissent comme lui.

D’ailleurs, notre nouveau ministre des Droits de l’Homme qui connaît bien la justice devrait demander la poursuite de ce fou furieux et le faire juger aussi bien pour ses propos injurieux et xénophobes que pour ses menaces de mort à peine voilées.

Arrêtez, espèces d’hypocrites! Arrêtez de vous la jouer redresseurs de torts alors que vous êtes les premiers tordus de ce pays. Le Maroc n’a pas besoin de vos coups de gueule de tarés à enfermer ni de vos appels vains au puritanisme du Moyen-âge.

Les Marocaines et les Marocains ont depuis longtemps choisi leur chemin qui est résolument celui de la modernité et donc de la liberté, surtout celle de s’exprimer, par tous les moyens et sur tous les sujets qui leur plaisent, que ça vous plaise ou pas.

Ce n’est pas à nous de quitter le pays, mais à vous, tous les rétrogrades et les obscurantistes de tout bord, vous qui n’avez plus qu’un seul choix: ou vous y faire à ce changement ou bien aller où bon vous chante. Et soyez sûrs que personne ne vous retiendra. Ouste!

En attendant, nous, nous allons continuer de montrer au monde entier que le Maroc est un pays moderne et que son peuple ne veut plus être enfermé dans les carcans des censeurs qui ne sont en fin de compte que les héritiers des oppresseurs. 

Maintenant que c’est dit, je n’ai plus qu’à vous dire vivement la fin de toutes les censures et de tous les interdits.

Et vivement mardi prochain.

Par Mohamed Laroussi
Le 11/04/2017 à 10h58