Le supposé soutien du président sortant de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), Ali Fassi Fihri, à Fouzi Lekjaa, fait l’effet d’une bombe dans les milieux sportifs. Pourtant, il est impossible de trouver une déclaration de Fassi Fihri affirmant : "Je vais voter pour Fouzi Lekjaa". Ce qu’a fait Fassi Fihri, en homme trop consensuel et soucieux surtout de plaire au clan de Lekjaa, c’est de louer les qualités du président de la Renaissance de Berkane. Il est vrai que ses paroles dithyrambiques sur Lekjaa laissent percevoir un certain enthousiasme, mais de là à y voir un appui poussant à voter pour lui... Seule une affirmation du concerné pourra confirmer cette hypothèse. Or, Ali Fassi Fihri a décidé de ne pas répondre au téléphone que ce soit pour confirmer ou infirmer l’information, ouvrant la voie à toutes les spéculations et permettant une exploitation de ses propos par le camp de Lekjaa qui essaie de laisser croire au milieu footballistique que les dés sont jetés et que l’affaire est pliée en faveur de sa liste.
Y a-t-il un candidat du Palais ?
Force est de constater à la lecture des Une des journaux de ce mardi que la manœuvre du clan Lekjaa a bien réussi. Le clan de Lekjaa, soutenu par Mohamed Ouazzine, ministre de la Jeunesse et des sports, et par Ilyas Omari, président d'honneur de Chabab Rif Houceima et leader au PAM, laisse croire que leur protégé serait le candidat du palais. Et telle est justement la bonne question à poser: y a-t-il un candidat du Palais dans la course à la présidence de la Fédération royale marocaine de football ? Tous les indices de la supposée préférence de Lekjaa par le Palais se fondent aujourd’hui sur ce qui apparaît comme étant le revirement de Ali Fassi Fihri et son vote pour le président du club de Berkane. Or, un minimum de bon sens permet de récuser cette hypothèse. Un minimum de bon sens et la brutalité avec laquelle Fassi Fihri s’est retiré de la course à un deuxième mandat à la tête de la FRMF, alors qu’il avait tout préparé pour se succéder à lui-même. Comment un homme qui a tout mis en place, tout organisé, notamment en direction des clubs de la Botala et de la deuxième division, pour que sa candidature passe comme une lettre à la poste, peut-il décider subitement de renoncer à la fédération et de se dévouer exclusivement à l’électricité et à l’eau potable ?
La démission soudaine de Fassi Fihri ne peut être interprétée que comme une décision qu’il a été forcé de prendre. En d’autres termes, le Palais lui a retiré sa confiance. Et, par conséquent, il est très mal placé pour que ses déclarations soient interprétées, comme pousse à le croire le clan de Lekjaa, comme une incitation du Palais à favoriser un candidat au détriment de l’autre. Ensuite, si le Palais souhaitait se mêler des élections de la présidence de la FRMF, il l’aurait fait frontalement et son candidat aurait été désigné au grand jour. Donc, les déclarations de Ali Fassi Fihri n’engagent que lui-même et sont la marque patente de son désir de plaire à Ilyas Omari dont le soudain intérêt pour le ballon rond peut être interprété comme une tentative de mettre la main sur le football qui est, comme chacun le sait, le plus grand parti politique au Maroc. L’on s’imagine d’avance les spéculations qui vont train sur une éventuelle victoire du Maroc à la Coupe d’Afrique des nations qui se déroule dans notre pays en 2015 et le parti à tirer des images avec l’équipe nationale brandissant la coupe. Cela vaut mille fois plus que toutes les campagnes politiques mais cela ne sert pas les intérêts du football et les attentes du public qui est dans l’expectative de résultats depuis longtemps. Seule une gestion professionnelle et apolitique du football peut élever le niveau de l’équipe nationale et apporter des victoires.