Vidéo. Casablanca: comment l’AMTDA prend en charge les enfants atteints de troubles de l’apprentissage

Khadija Belliwech et Zhor Qouider

Khadija Belliwech et Zhor Qouider . DR

Le 21/09/2019 à 19h18

VidéoLe360 est allé visiter l’association marocaine des troubles et difficultés d’apprentissage (AMTDA). Situé à Casablanca, le centre de l’AMTDA, soutenu par l’INDH, a été créé par des parents de dyslexiques. Comment se manifestent les troubles de l’apprentissage? Peut-on en guérir? Les détails.

Les premières assises nationales du Développement Humain se sont tenues à Skhirat les 18 et 19 septembre 2019. Ils ont eu pour thème central "le développement de la petite enfance". 

Le360 est allé visiter le centre de l’association marocaine des troubles et difficultés d’apprentissage (AMTDA), association fondée en 2010.

Situé dans le quartier casablancais de Hay Hassani, et plus précisément sur le boulevard Afghanistan, le centre de l’AMTDA se trouve dans les locaux de l’école «Akhtal Al Banat». Cette école primaire parrainée par l’INDH et le ministère de l’Éducation nationale a mis à la disposition de l’association une partie de ses bâtiments.

Les équipes de le360 ont été reçues par la présidente de l’association, Zhor Qouider, ainsi que par la vice-présidente, Khadija Belliwech. Ces deux femmes ont un point commun: Elles sont mamans d’enfants souffrant de troubles de l’apprentissage.

En réponse à une question sur la manifestation de troubles de l’apprentissage, la présidente de l’association Zhor Qouider déclare: «les enfants atteints de troubles comprennent leur environnement et sont dotés d’intelligence. Les troubles se manifestent lors de la lecture, l’écriture et les calculs. La perception du chiffre ou du nombre est inexistante pour les enfants atteint de dyslexie. Autre exemple, les enfants touchés de dyspraxie sont intelligents mais sont maladroit, ils se cognent, font des chutes. L’écriture aussi laisse à désirer». 

«De manière générale, ce n’est que lorsque l’enfant débute sa scolarité que les troubles d’apprentissages apparaissent. L’enfant inverse les lettres, il lit difficilement, et ne sera jamais un bon lecteur mais cela ne l'empêche pas de raisonner», signale-t-elle.

Zhor Qouider affirme qu’«un trouble n’est pas une maladie, on ne prend pas un médicament pour en guérir. Il s’agit d’un trouble neurobiologique, l’on doit prendre en charge l’enfant dès sa plus tendre enfance. Ils ont besoin d’une rééducation neuropsychologique, orthophonique et psychométrique».

«A partir de là, l’enfant apprend des procédés pour contourner le trouble, mais le trouble demeure notamment dans la perception du temps, de l’espace. Les troubles de l’apprentissages sont un mode vie, c’est un cerveau qui fonctionne autrement» précise-t-elle.

«Ce qu’il faut retenir, c’est qu’un enfant atteint de troubles de l’apprentissage peut suivre une scolarité normale mais non sans difficultés. Un enfant touché de dyslexie ou de dyspraxie, qui garde l’estime de soi, peut non seulement suivre une scolarité normale mais devenir ingénieur, architecte ou informaticien. C’est pour cela que l’enfant ne doit pas être pénalisé psychiquement» révèle-t-elle.

«Malheureusement beaucoup de parents, qui ont des enfants avec un léger retard mental, préfèrent dire que l’enfant est dyslexique plutôt qu’atteint de retard mental. Au Maroc, on a un grand problème de diagnostic, le sujet commence à peine à avoir son importance», prévient-elle.

Elle ajoute que «pour le ministère de la Santé le dossier des enfants souffrant de troubles de l’apprentissage n’est pas prioritaire à mon avis. Cependant, des fonctionnaires du ministère de la Santé, à titre bénévole, aident l’association à procéder aux dépistages. Le ministère de l’Éducation nationale nous soutient aussi». 

«L’académie de Casablanca est toujours présente lors de nos formations. L’INDH de Hay Hassani a joué un rôle primordial pour mettre en lumière ce problème et pour sensibiliser et former les enseignants et les parents. Des orthophonistes et psychomotriciens ont été formés grâce aux subventions de l’INDH, même notre centre nous le devons à l’INDH» affirme la présidente de l’AMTDA.

«Une école pour intégrer les enfants souffrant de troubles de l’apprentissage va bientôt voir le jour grâce au soutien de l’INDH. Nous espérons que le ministère de la Santé prenne conscience de l’importance de ce sujet et nous assiste dans le combat que nous menons», conclut-elle.

La vice-présidente de l’AMTDA, Khadija Belliwech déclare que «l'association a été fondée par des mamans d’enfants dyslexiques. Mon fils et moi avons mené un véritable combat pour trouver un établissement qui accepterait d’inscrire un enfant dyslexique» avant d’ajouter que «mon fils a décroché son Bac cette année. Si j’avais baissé les bras, il serait certainement en échec scolaire» conclut-elle.

Mina Makhtori, maman d’un enfant atteint de dyslexie a déclaré à son tour que «mon fils n’a été diagnostiqué qu’en classe de CM1 (8 ans). À l’école il se faisait battre par le corps enseignant. Cela fait 1 an et demi que mon fils a rejoint l’AMTDA. Depuis, il a fait de grands progrès. Il n’inverse plus les chiffres, il n’écrit plus sur ses mains et ses vêtements. Aujourd’hui mon fils est heureux de venir voir l’orthophoniste et la psychomotricienne. Cette année, il fait lui-même ses devoirs. Il écrit, il lit l’arabe et apprend le français. Mon fils connait désormais les tables de multiplication, j’en suis vraiment ravie. C’est grâce à cette association que mon fils progresse et surmonte son trouble tous les jours».

« Le seul conseil que je donne aux mamans est d’accepter le fait que leurs enfants sont atteints de troubles. Autre conseil, ne jamais battre un enfant souffrant de troubles de l’apprentissage, cela ne fait qu’aggraver son handicap. Il faut aller selon le rythme de l’enfant» conclut-elle.

Un enfant atteint de troubles de l’apprentissage a souvent un quotient intellectuel au-dessus de la norme mais il a cependant besoin d’une pédagogie différente des autres enfants. 

L’AMTDA, à travers ses bénévoles, œuvre dans ce sens tout le temps.

Un bel exemple de solidarité.

Par Karim Ben Amar
Le 21/09/2019 à 19h18