Ce sont des affaires dignes de scénarii à la Francis Ford Coppola. L'observateur du Maroc n'y va pas par quatre chemins pour expliquer la situation de centaines de personnes à Casablanca. Dans son édition du 30 janvier au 5 février, l'hebdomadaire a enquêté sur la mafia du béton. Celle qui spolie les biens immobiliers de marocains lambdas. Ils seraient plus de 200 dans ce cas selon les chiffres du magazine. A l'origine, la fuite de la liste des biens appartenant à des étrangers sur le territoire, émise par le Ministère de l'intérieur nous rappelle les auteurs de l'article. Dès lors, une mafia, recherchée par Interpol, et spécialisée dans le trafic de drogue, s'est recyclée dans l'immobilier, plus rentable. En effet, la prescription est de mise au bout de quatre ans pour les spoliateurs si le citoyen lésé n'a pas la capacité de porter l'affaire en justice. C'est le Parlement marocain qui a voté cette loi en 2011.
Spolié par un mortMais en février 2014, le cerveau d'une mafia du béton a été condamné à de lourdes peines dans l'affaire de la "Villa Brissot". De quoi redonner confiance aux victimes dont fait partie le milliardaire Benjamin Chetrit. Cet homme s'est fait voler sa villa par un mort! A la recherche du dénommé Henri Ohayon, la victime parvient tout de même à retrouver sa trace. Certificat de décès en main, il porte plainte pour escroquerie. Le procès qui suit donne raison à la victime et deux avocats sont inculpés. Mais ce n'est pas fini puisqu'un sulfureux personnage du nom de Stéphanie Dayan s'intéresse à cette villa mitoyenne du Palais Royal. De fil en aiguille, elle présente un réseau de relations dans l'administration, la police et la justice à sa victime, lui faisant signer plusieurs reconnaissances de dette. En 2010, le piège se referme devant Benjamin Chetrit. A Fès, un tribunal decide de saisir et mettre aux enchères sa villa pour 30 millions de dirhams, soit le tiers de sa valeur indique l'Observateur du Maroc. Aujourd'hui, l'homme a épuisé tous les recours. Il ne lui reste plus que porter l'affaire en cassation. Sur une note d'espoir, la victime reste "convaincue que justice sera faite".
Un recours pour les victimesLes autres victimes de spoliation peuvent compter depuis 2012 sur l'Association pour le Droit et la Justice au Maroc. Basée en France, elle est née après la spoliation de biens de la belle famille de Stéphane Vabre, secrétaire général de l'Association. Elle suit actuellement les dossiers d'une centaine de personnes et défend des MRE, des Français, des espagnols, des Italiens et des Suisses contre les mafias bien sûr, mais également des membres d'une même famille. Confiant, Stéphane Vabre cite l'affaire Gérard Bénitah, qui a obtenu gain de cause après une longue bataille judiciaire.