C'est l'explosion sexuelle chez les adolescents marocains. Du moins à en croire Akhbar Al Yaoum, dans son édition à paraître ce week-end, qui fait une immersion dans l'univers de la sexualité des jeunes. Chiffres et avis de spécialistes à l'appui, le journal décortique un sujet tabou dans la société marocaine. Selon Akhbar Al Yaoum, des milliers d'adolescents sont à la recherche quotidiennement de plaisirs sexuels dans des endroits plutôt insolites et inadéquats. Des cabinets toilettes communes, les arrières-cours des établissements scolaires... la liste est longue. Quand ce n'est pas dans la rue. Ceci une dans une absence quasi totale d'éducation sexuelle.
Proies à la frustration qui résulte de l'absence de réponses à la multitude des questions qu'ils se posent, à l'école, dans leurs familles ou dans des structures capables de prodiguer des informations et des conseils, les adolescents se rabattent sur la Toile où ils trouvent de tout, de l'information pratique et scientifique, à la pornographie en passant par le chat vidéo et les webcams. Des informations qu'ils auraient aimé avoir à l'école. Les chiffres sont parlants : 92% des adolescents souhaitent que l'éducation sexuelle soit intégrée aux programmes pédagogiques, selon une étude intitulée "Santé sexuelle et reproductive" menée par le ministère de la Jeunesse et des sports.
42% des jeunes recourent au Viagra
A en juger par les résultats de cette enquête, les garçons vivent leur première relation sexuelle à l'âge de 16 ans, alors que les filles le font vers 18 ans. 60% des garçons fréquentent des prostituées, 15% d'entre eux n'utilisent pas de préservatif quand ils ont des rapports avec les travailleurs du sexe chez qui la prévalence du SIDA est de 2,5%. Sans parler des autres maladies sexuellement transmissibles non moins dévastatrices telle que la syphilis. Sachant que 1 sur 5 garçons ignore l'existence du Sida. Une ignorance qui peut être lourde de conséquences comme peut l'être, d'ailleurs, la consommation du Viagra auquel ont recours 42% des adolescents marocains pour beaucoup plus de performance sexuelle.
Et ce n'est pas tout, le sexe consommé à l'aveuglette est également responsable de grossesses non désirées avec tout ce que cela représente comme problèmes. 12% des garçons affirment avoir mis enceintes leurs partenaires. Selon la psychologue Amal Chabach, ce que vivent les adolescents actuellement n'est pas une libération sexuelle, mais une anarchie sexuelle. La psychotérapeute insiste sur le rôle des parents, de l'école et les départements ministériels concernés par le sujet dans l'éducation à la vie et pas seulement sexuelle.