El Houssein El Ouardi, ministre de la Santé, veut faire le grand ménage dans son secteur. Dans son édition du lundi 9 décembre, Al Massae avance que "El Ouardi compte sanctionner 40 cadres médicaux, dans plus de 210 hôpitaux du royaume et 7 cliniques". C'est du moins ce qu'a annoncé "le ministre de la Santé, devant la Chambre des conseillers en plein débat sur le projet de loi de finances 2014", explique le quotidien. Selon toujours Al Massae, El Ouardi a révélé aux parlementaires que la corruption est profondément ancrée dans "son" secteur. "Ce sont surtout les établissements de santé publique situés dans les grandes villes du royaume tels que Casablanca et Rabat qui sont le plus concernés par ce phénomène", avance le ministre de tutelle.
Lors de son intervention au Parlement, El Ouardi s'est également plaint du budget dont dispose son département. Et Al Massae de rappeler qu'à l'heure où l'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande aux pays d'allouer au moins 10% de leur budget à la santé, le Maroc, lui, y consacre seulement 5%. Une situation qu'El Ouardi a dénoncé devant les parlementaires tout en soulignant que ce manque de moyens est l'une des principales causes de la corruption. A en croire Al Ahdath Al Maghribiya, tous les prétextes sont bons pour justifier la corruption. El Ouardi a tenu à mettre l'accent devant la Chambre des conseillers sur nombre de pratiques courantes dans les hôpitaux publics allant du simple "bakchich" de 20 à 100 DH pour le renseignement jusqu'à la corruption de haut niveau.Privatiser pour mieux guérir
Pour le ministre de tutelle, "avec pas plus de 5% du budget global de l'Etat, la santé publique au Maroc doit chercher des alternatives et innover", lit-on sur Les Eco. Le ministre, vivement critiqué ces derniers temps, tant par ses collègues médecins que par d'autres professionnels du monde de la santé, envisage la mise en place de "partenariats public/privés" et "la libéralisation du capital des cliniques privées", croit savoir le quotidien économique. "Le ministre de la Santé ne fléchit pas sur son projet d'ouvrir le capital des cliniques au privé", poursuit de son côté L'Economiste qui parle d'un "El Ouardi intraitable". Répondant à ceux qui s'insurgent contre "la marchandisation de la santé", le ministre "affirme que la réforme de la loi sur l'exercice de la médecine a pour objectif d'améliorer l'offre de soins". Pour éviter les dérapages, l'Etat continuera à garder la main sur la politique générale et la régulation du secteur de la santé, souligne le journal qui estime néanmoins qu'"à trop vouloir tout faire, on finit par ne rien faire".
Cet adage s'appliquera-t-il à Houssein El Ouardi ? Sa sortie au Parlement en dit long sur sa tactique de défense face à ses détracteurs puisqu'il met le manque de moyens en avant pour justifier l'état du secteur de la santé. Les propos de El Ouardi à la Chambre des conseillers expriment surtout la grosse déception de son parti (PPS) qui, selon son état-major, n'a pas été associé à la réflexion sur le projet de loi 2014. Baisse des prix des médicaments, ouverture du capital des cliniques aux investisseurs privés... le ministre de la Santé a ouvert plusieurs fronts en même temps sans disposer de l'appui nécessaire notamment du gouvernement. Rare où nous avons entendu le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, aborder la question de la réforme de la Santé !