Roqya: quand la séance de soins finit par un viol

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Revue de presse«Roqya charîya» est un métier qui fait gagner énormément d’argent, mais peut mener directement en prison. Les exemples font foison. Les détails dans cette revue de presse tirée du quotidien Assabah.

Le 25/01/2023 à 21h27

On ne compte le nombre de cas où l’exorcisme mène directement au viol. Ni la sévérité avec laquelle la justice sanctionne ce genre de crimes, ni les scandales qui ont éclaté au grand jour et qui ont été relevés par les médias, n’ont pu y changer quoi que ce soit. La quête de soins qui mène les femmes chez ces charlatans finit de plus en plus souvent par le viol, note le quotidien Assabah dans son édition du jeudi 26 janvier.

Le dernier cas du genre, rapporte le quotidien, a eu lieu à Tanger, il y a deux semaines. Deux sœurs ont découvert par hasard qu’elles avaient été victimes, en même temps, du même charlatan qui pratique, soi-disant, la «médecine prophétique». Les deux sœurs se sont rendu compte qu’il les droguait et les violait une fois qu’elles avaient perdu connaissance. Elles ont également découvert qu’elles n’étaient les seules victimes de ce «raqi».

Les victimes ont néanmoins pris leur courage à deux mains et ont décidé de porter plainte, pour éviter que leur violeur ne continue de sévir impunément tout en se cachant derrière la parole de Dieu et une piété factice. L’histoire du «raqi» de Tanger n’est finalement que l’épisode d’une longue série dont les acteurs exploitent la religion pour assouvir leurs plus bas instincts. Le quotidien cite ainsi le fameux «raqi» de Berkane, roué de coups par les frères d’une victime, avant d’être dénoncé et arrêté. D’autres ont été «plus chanceux», leur procès étant passé inaperçu, ce qui les a protégés du scandale.

Il faut dire, souligne le quotidien, que ce métier à de quoi appâter les escrocs. L’argent coule à flot et les corps des femmes sont facilement accessibles. De plus, il n’y a besoin ni d’une formation particulière, ni d’une quelconque autorisation d’exercer. Il suffit de s’habiller en salafiste: un «qmiss» fera l’affaire, à défaut d’une tenue afghane. Et puis, il y a l’incontournable barbe, le chapelet et le musc dont le charlatan s’enduit le corps. Le candidat accède de facto au rang de «raqi» et, par la même occasion, au respect et à l’estime de ses futurs clients. Le quotidien rappelle le cas de ce jeune casablancais qui, pour se soigner de son addiction à la drogue, s’est adressé au «raqi» de son quartier. Et, quand il a noté l’étendue de sa clientèle, les sommes d’argent qu’il pouvait ainsi facilement amasser et, surtout, les jolies femmes qui fréquentent son antre et dont il peut abuser à sa guise, il a décidé de se lancer dans le «métier». Quelques versets appris rapidement par cœur, un look bien soigné, un local aménagé, et le voilà lancé dans l’aventure. Le résultat est tout simplement extraordinaire. Les femmes affluent dans son local en grand nombre mais, comme la tentation n’est jamais loin, il s’est laissé aller à abuser de ses clientes. Toute aventure à une fin. Et la sienne a fini devant le procureur du roi avec à charge une accusation de viol.

Par Amyne Asmlal
Le 25/01/2023 à 21h27