Le Maroc est considéré, avec l’Egypte et la Turquie, comme le plus important pays exportateur d’imams et prédicateurs vers l’Europe et le monde pendant le mois de Ramadan. Les oulémas marocains veillent à diriger la prière, à donner des conférences et des prédications islamiques dans les mosquées tout en les protégeant de tout radicalisme.
Des données récentes indiquent que plus de 700 imams, conseillers et prédicateurs se sont déplacés, vendredi dernier, en Europe pour donner des prêches religieux et spirituels tout au long du mois sacré. Les services compétents qui les ont sélectionnés et encadrés leur ont tracé des lignes rouges à ne pas dépasser. Ils ne devront pas, entre autres, évoquer des dossiers politiques et aborder des sujets controversés dans les pays d’accueil tout en respectant les cultures de ces pays. L’agence espagnole EFE indique que l’imam qui ne respecte pas ces consignes sera passible de sanctions. Par contre, le ministère des Habous et des affaires islamiques s’est contenté d’indiquer qu’il a envoyé 422 imams et «morchidates». La fondation Hassan II a, de son côté, mobilisé 253 «morchidins» et «morchidates» pour encadrer la communauté marocaine à l’étranger, dont le nombre avoisine les 5 millions de personnes. Le troisième groupe est constitué par 100 prédicateurs indépendants qui signent des accords avec des mosquées et des associations européennes sans passer par le circuit officiel.
Le quotidien Akhbar Al Youm rapporte, dans son édition du lundi 6 mai, que selon l’EFE, les pays qui ont le plus besoin d’imams sont la France (224) suivie de l’Espagne (170) et de pays comme l’Italie, l’Allemagne et la Belgique. Par contre, le ministère des Habous a réparti les imams selon la démographie de la population marocaine dans les pays d’accueil: France (164), Espagne (56), Pays Bas (24), Suède (6), Danemark (9), Allemagne (26), Italie (62), Belgique (49), Canada (25) et Gabon (1). Selon Mohamed Rafiq, le cadre chargé d’accompagner les 422 prédicateurs relevant du ministère des Habous, une réunion a eu lieu avant leur départ pour l’Europe. «Nous leur avons rappelé, poursuit-il, que leur mission principale est d’ordre spirituel et qu’il leur est interdit de faire des commentaires politiques.»
De son côté, le secrétaire général du Conseil supérieur des Oulémas, Mohamed Yssef, a souligné que les Oulémas sont des «ambassadeurs» du Maroc partout où ils vont en Europe pour prêcher «l’islam modéré». Si les imams relevant du ministère des Habous sont encadrés, contrôlés et passibles de sanctions, les prédicateurs indépendants ne sont pas assujettis à de telles restrictions. Ces derniers sont invités par des mosquées et des associations en Europe et ne subissent aucun contrôle à part l’entretien qu’ils passent pour obtenir leur visa auprès des consulats étrangers.