Farida.Elle aurait pu être là pour accompagner le printemps pour être comme d’habitude disponible pour l’amitié, pour la joie, pour la fête avec grâce et rire. Elle aurait pu être là, à côté d’Azzedine, mari, ami et complice, avec ses enfants sur lesquels elle pose un éternel regard de tendresse. Elle aurait pu passer des nuits à jouer, à défier le temps et le hasard, jouer était sa passion, jouer pour s’extraire du monde et pour mieux y revenir. Quand elle en parlait tout souriait en elle, la voix, les yeux, l’allure et le mystère.
Farida avait quelque chose de merveilleux et de fou, une générosité rare qui débordait de partout, comme Azzedine. Ils avaient en commun cette décision : donner c’est recevoir. Elle aurait pu vivre encore et encore, mais un criminel, un fils du malheur en a décidé autrement. Une pierre lourde dans la nuit a conjugué la vitesse du véhicule avec celle du vent plus la folie du salaud et comme dans une scène de jeu macabre, le hasard a été juste au rendez-vous de la mort. Une ponctualité diabolique. Le hasard a eu la précision du démon, celui qui habite tant d’êtres voués au Mal.
Voilà, nos routes sont des champs de mines. Il faut avoir tout le temps des intuitions pour ne pas marcher sur une de ces bombes dissimulées. Cette fois-ci la bombe est tombée du ciel. La main du salaud a été dirigée par le diable, par la folie, par la haine et l’ignorance.
Farida est dans nos cœurs, éternelle, souriante. Notre mémoire s’est enrichie de tant de souvenirs où elle est l’alliée du bonheur, alliée de la vie dans ce qu’elle a de plus beau, de merveilleux, de vivant. Tahar Benjelloun.