Mehdia. Stationnement: l’insoutenable calvaire des habitants avec la mise en fourrière de leurs voitures

Une voiture remorquée ce dimanche 2 décembre en direction de la fourrière municipale de Mehdia.

Une voiture remorquée ce dimanche 2 décembre en direction de la fourrière municipale de Mehdia. . DR

La mise en fourrière d’un véhicule pour stationnement non réglementaire devient un véritable calvaire pour le citoyen, qui en plus de l’infraction qu’il doit payer, doit encore faire face à une perte de temps considérable. Reportage.

Le 02/12/2018 à 15h30

Dimanche 2 décembre, municipalité de Mehdia. Il est midi quand un semblant de "remorqueur" pointe du nez au détour d’une rue, avec à bord un agent de circulation. Détrompez-vous: le "dépannage", ou ce qui en a l’air, ne s’est pas manifesté pour porter quelque secours que ce soit à un usager de la route en panne sèche! La rue où il s'est présenté, qui est plus est un dimanche, est généralement déserte. En dehors des habitants, peu d’usagers empruntent en effet cette voie aménagée dans un nouveau quartier où les travaux ne sont toujours pas achevés. En plus, le stationnement, bon ou mauvais, ne cause aucune gêne pour la circulation, si tant est qu'il y en ait!

Mais passons, car la voiture du malheureux riverain est mal garée. Interrogé par nos soins, l’agent de circulation confirme: stationnement non réglementaire. En effet, la voiture était stationnée en sens inverse. Le propriétaire, pourvu qu'il soit présent au moment du remorquage, doit s’acquitter sur-le-champ d'une infraction de 300 dirhams pour éviter que sa voiture soit emmenée vers la fourrière! Mais il ne s'en est aperçu qu'après coup...

Mal lui en a donc pris de constater que sa voiture était (déjà) remorquée et, malgré la panique, il a pris son courage à quatre mains et, laissant son garçon de cinq ans en pleurs!, il se lance sur les traces du véhicule de dépannage qu’il aborde au détour d’une ruelle. Seulement, il n'avait pas d'argent sur lui. Il retourne chez lui illico pour récupérer son portefeuille. Ce n'est qu'après avoir payé cash les 300 dirhams qu'il a repris possession de sa voiture!

Qu’à cela ne tienne, l’intéressé a eu la présence d’esprit d’être là au moment qu’il faut pour récupérer sa voiture et, du coup, éviter que son véhicule ne soit mis en fourrière. Ce n’est pourtant pas le cas de nombreux riverains…

Mise en fourrière des voitures, un calvaire incommensurable…Jeudi 22 novembre dernier, même heure, même quartier. Un habitant était chez lui quand son téléphone sonne. «On a conduit ta voiture vers la fourrière», apprend-il, à ses dépens! De quoi le «délit» de cet autre riverain est-il donc le nom? A-t-il garé sa voiture en sens interdit? En effet, celui-là croyait si bien faire en plaçant les deux roues droites de sa bagnole au-dessus du trottoir qui fait face au garage de son domicile, son "délit", semble-t-il, est d'avoir voulu dégager la toute petite voie située bien à côté de chez lui! Il s’en mordra les doigts pour cela, car il le paiera non seulement de sa poche mais aussi de ses nerfs et de son temps.

Alerté, il ne savait en effet où donner de la tête. Privé de voiture, il s’est tapé une pénible trotte à pied vers le premier commissariat de police situé du côté de la Casbah de Mehdia. Il n’est pourtant pas à bout de son... enfer. Un agent lui demandera de se diriger vers un autre commissariat, mitoyen de la fourrière municipale de la même ville.

Sauf qu’à la première rencontre avec un agent de circulation, ce dernier lui demande de se déplacer à la fourrière, chercher les documents de la voiture, en faire des photocopies... avant de se re-présenter devant le service chargé d'instruire les infractions …

Voici ce que cela a donné: une véritable partie de punching-ball entre les agents de police et les gens de la fourrière! Premier incident, et pas des moindres: arrivé à la fourrière pour récupérer dûment les documents de sa voiture, une voix surgit de nulle part et tonne: «qui t’a donné la permission d’ouvrir la voiture?». «Mais c’est bien ma voiture, et puis, c’est l’agent de police qui m’a autorisé à venir récupérer mes documents?», lui répond le malheureux riverain, impuissant. «Tu te crois dans une écurie ?», lui assène l’agent municipal, sans égards ni considération pour les moult tracasseries que lui a causées la «perte» de sa voiture.

Malgré tout, il est encore loin... le bout du tunnel! Il est 13 heures et donc le temps du déjeuner... Il faut galérer dur pour trouver un photocopieur et se présenter à nouveau devant le commissariat pour s’acquitter des frais de l'infraction, avec tout ce que cela implique en termes de sous, mais aussi et surtout en temps perdu en cette journée ouvrable! Les formalités étant remplies, retour donc à la case "ferraille" où la voiture était encore immobilisée…

Sauf que là encore, surprise. «L’argentier de la municipalité n’était pas là pour vous délivrer le bon de sortie»! Il est 15H30, le trésorier devait "impérativement" faire sa sieste avant de vous délivrer le fameux sésame moyennant 20 dirhams, sans compter les 150 dirhams à verser au «dépanneur» qui vous a pourtant gâché votre journée! Dur, dur...

Par M'Hamed Hamrouch
Le 02/12/2018 à 15h30