«Une nuit de noces exige toute une année de réflexion.» Cet adage populaire marocain résume l’ampleur de la tâche quand il s’agit d’organiser une cérémonie de mariage dans les règles de l’art. Et pour être dans l’air du temps et renvoyer du nouveau couple une belle image, certaines familles recourent aux prestations de traiteurs qui prennent en charge l’organisation du mariage.
Ainsi, les traiteurs organisent les rituels de présentation selon les traditions des différentes régions du pays, le cocktail dinatoire des convives des deux familles, l’offre musicale de même que la logistique, rapporte le quotidien Assabah dans son édition du week-end des 14 et 15 juillet.
Le quotidien, qui publie un spécial sur ce sujet, fait remarquer toutefois que certaines cérémonies tournent au cauchemar à cause notamment de certaines pratiques de chantage, d’escroquerie et bien d’autres manipulations auxquelles recourent certains traiteurs en vue d’élargir leur marge de bénéfice.
Ainsi, des orchestres arrivent en retard sur le lieu de la cérémonie, perturbant l’atmosphère parce qu’ils avaient conclu d’autres contrats avec d’autres familles le même jour. De même, le quotidien cite le cas anecdotique malheureux d’un traiteur qui avait servi des poulets décongelés lors d’une coupure d’électricité puis recongelés avant d’être cuisinés. Servis au cocktail dinatoire, ces poulets ont occasionné des intoxications alimentaires et l’évacuation des convives aux urgences.
De même encore, certains traiteurs facturent des pastillas au saumon ou des méchouis alors qu’ils présentent d’autres menus le jour du mariage. Le fait accompli. Ce qui provoque généralement la colère des familles des mariés qui dénoncent ces pratiques malhonnêtes. Ces surprises impactent négativement le déroulement de la cérémonie et font perdre son charme à ce rituel pour lequel certaines familles contractent même des crédits pour être à la page et organiser des festivités très haut de gamme.
Ce changement dans la culture du mariage a transformé la fête marocaine en une exposition sociale, fait remarquer Omar Al Ibourki, chercheur en sociologie à la faculté Ibn Toufaïl de Kenitra. «Les festivités du mariage sont passées de leurs symboles et de leur charge sociale à une forme de montage socioéconomique que la concurrence a transformé en commerces juteux pour certains», a-t-il constaté.