Les chiites du Maroc se cachent pour célébrer Achoura

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Revue de presseKiosque360. Les chiites du Maroc, qui sont très concentrées dans les villes de Tanger, Meknès et Casablanca, ont fêté Achoura dans un secret absolu. Ils se sont engagés à ne pas pratiquer leur rituel en public et à éviter de s’afficher sur les réseaux sociaux ou à intervenir dans les médias.

Le 10/09/2019 à 18h48

Les chiites marocains ont fêté discrètement Achoura, ce lundi, dans les maisons et villas de Tanger, Meknès et Casablanca, sans aucune intervention des autorités pour leur interdire les rites du «Deuil et des conseils où l’on loue les vertus d’Ahlul Bayt». Cette fête, qui dure les premiers dix jours de Moharrem, s’est déroulée selon un rituel dominé par le chagrin sur «l’assassinat d’Al Hussein Ibn Ali» dans la bataille de Karbala. Un cérémonial qui ne diffère pas des fêtes chiites en Iran et en Irak sauf que, chez nous, elles se déroulent dans un secret absolu où l’on «récite des invocations husseinites en organisant une cérémonie de condoléances, d’écoute et de chants religieux».

Mais les chiites marocains ont évité l’auto-flagellation que leurs croyances les poussent à subir. Ce rituel a atteint son summum ce lundi avec l’organisation des conseils de condoléances marqués par le chagrin sur la «Bataille de Karbala». D’autres coutumes sont observées pendant cette journée comme l’habit noir, la réduction des repas et la multiplication des rituels de culte et de prières. Certaines sources n’ont pas démenti le recours des chiites marocains à la «Taqîya secrète» pour assurer le bon déroulement de leurs fêtes loin des yeux des services de sécurité.

Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du mercredi 11 septembre, que les mêmes sources soulignent que les autorités ont, ces dernières années «respecté leurs croyances» à condition qu’elles ne soient pas pratiquées en public. Auparavant, les chiites marocains avaient été interdits d’accès au mausolée, dans la région de Meknès, de Moulay Driss Zerhoun, qu’ils considèrent comme leur «Père spirituel». Les autorités ont par ailleurs demandé aux propriétaires des hôtels et des maisons de s’abstenir de leur louer des chambres. Les Chiites se sont engagés à ce que leurs dirigeants ne s’adressent pas aux médias à l’occasion des fêtes d’Achoura et à éviter les sites électroniques où ils ont pris l’habitude de s’afficher. Il se sont aussi abstenus de poster des messages sur les réseaux sociaux et n’ont utilisé que des applications peu connues et non soumises à la surveillance policière. Les chiites se sont engagés, en outre, à ne pas provoquer les autorités dans les grands rassemblements chiites à Meknès, Tanger et Casablanca. 

D’autres sources indiquent que les autorités surveillent les activités des chiites marocains à travers des rapports réalisés par des commissions chargées de détecter l’entrisme chiite au niveau des préfectures et des provinces. La surveillance est focalisée plus particulièrement sur la circulation des livres inhérents à l’idéologie chiite ou ayant des rapports avec l’Iran et le Hizbollah. Les mêmes sources soulignent que la conversion au chiisme commence à se propager d’une manière qui démontre l’existence de réseaux organisés travaillant dans un secret absolu, avec l’encadrement et la coordination de certaines factions résidant en Europe.

Par Hassan Benadad
Le 10/09/2019 à 18h48