Dans cette chambre lugubre, glaciale, dépourvue de meubles de la rue Joulane, dans l'arrondissement de Ben M'sik à Casablanca, Fatima-Zahra avait comme seuls compagnons des chats, des rats et un pitbull menaçant pour guetter ses moindres gestes. Contrainte de dormir à même le sol pendant 8 ans, la quadragénaire a été la victime d'une séquestration atroce de la part de son mari. L'affaire de Fatima-Zahra a été dévoilée dans l'édition du 16 octobre d'Al Massae, qui revient sur les détails de cet horrible fait divers dans sa livraison de ce jeudi 23 octobre, suite à une visite effectuée à son nouveau domicile, au quartier Meriem.
Selon le quotidien arabophone, Fatima-Zahra est alitée, incapable de parler ou de faire le moindre mouvement. Quelques signes de la main ou des mimes l'aident aujourd'hui à communiquer avec son entourage, encore sous le choc. "Je n'arrive plus à reconnaître Fatima-Zahra, jadis une femme affable, généreuse et d'une bonté incomparable, aujourd'hui réduite à un corps presque sans vie" déclare non sans amertume Khadija, une de ses cousines, qui veille sur elle au domicile familial. "Nous étions très liées par le passé, nos visites familiales respectives se faisaient régulièrement" continue-elle. Khadija estime que les relations de Fatima-Zahra avec sa famille se sont détériorées jusqu'à arriver à une coupure totale à partir du moment où elle prit la décision d'expulser son père de l'appartement familial de Sidi Maarouf. Des années ont passé, et même après le décès de son père, toute tentative d'approcher Fatima-Zahra était devenue impossible vu les restrictions imposées par son mari. Isolée et vulnérable, Fatima-Zahra était une proie facile pour son mari sadique.
Troubles psychologiques
C’est la fuite de sa fille Riham, âgée de 18 ans, qui a permis à ses proches d'être aux faits de l'histoire de sa séquestration. Cette jeune fille a été tout simplement interdite, des années durant, de voir sa mère, pourtant installée un étage plus bas. Apprenant cette situation, la famille de Fatima-Zahra s’est mobilisée, et l'acharnement de son cousin Mohamed a porté ses fruits. Après avoir frappé aux portes des associations, Mohamed n’a pas baissé les bras et s’est dirigé vers la préfecture de police où il a relaté les faits accablants de la séquestration de sa cousine. Sur injonction du parquet, le 14 octobre, les autorités forcent la geôle de Fatima-Zahra et découvrent une femme portant des signes de séquestrations, malgré une tentative ratée de maquillage des faits par son mari, qui avait reçu quelques jours auparavant la visite d'une des associations féminines interpellées par Mohamed.
Quand elle est transportée en ambulance aux urgences d’Ibn Rochd, les médecins constatent qu’elle souffre d'un stade avancé d'ostéoporose dû à une absence de mouvements pendant sa longue période de détention. L'impact psychologique de cette séquestration est plus grand encore. Fatima-Zahra est touchée par des troubles psychologiques sérieux. Mais sa famille retrouve un peu d’optimisme. Selon eux, son état montre des signes d'amélioration depuis qu'elle a retrouvé les siens. Pour autant, personne n'est en mesure aujourd'hui de comprendre les raisons de cette abominable atteinte à l'intégrité d'un être humain.
