Enquête. Alarmant: le sac en plastique a la peau dure au Maroc

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A l’occasion de la Journée mondiale sans sacs en plastique, célébrée le 3 juillet, et du 2e anniversaire (le 1er juillet) de la loi 77-15 interdisant les sacs en plastique au Maroc, l’association Zero Zbel publie les résultats d’une enquête sur l’usage des sacs en plastique au Maroc.

Le 28/06/2018 à 11h55

Cette enquête a été menée dans le cadre d’un projet soutenu par l’ONU Environnement- Plan d’action pour la Méditerranée, le Centre d’activités régionales pour la consommation et la production durables (SCP/RAC) et Switchmed. Elle vise à faire le point sur l’application de la loi 77-15 deux ans après son entrée en vigueur, et à examiner les habitudes de consommation des Marocains quant aux sacs en plastique et aux alternatives proposées.

Au total, 235 clients et commerçants de 8 marchés situés à Casablanca, Agadir et Tétouan ont été interrogés en avril 2018, et ce, sur 5 jours. La population interrogée compte 40% de clients et 60% de commerçants et elle est composée à 31% de femmes et à 69% d’hommes.

Selon les résultats de l’enquête, la loi 77-15 est-elle efficacement appliquée?Les résultats de l’enquête montrent clairement que les sacs plastiques sont encore couramment utilisés sur les marchés, et que la loi 77-15 n’a visiblement eu qu’un effet limité: 60% des commerçants interrogés déclarent que plus de 80% de leurs clients exigent des sacs en plastique et 65% des clients déclarent utiliser entre 5 et 15 sacs en plastique à chaque fois qu’ils font leurs courses.

De plus, 41% des personnes interrogées considèrent que la consommation des sacs en plastique est restée la même depuis l’entrée en vigueur de la loi, et 8% estiment qu’elle a augmenté.

Pourtant, les Marocains interrogés ont très majoritairement conscience de l’existence de la loi et de l’impact négatif des sacs plastiques. Ainsi, plus de 90% des personnes interrogées savent que la loi 77-15 existe, et 59% considèrent que les sacs en plastique ont un impact fort sur l’environnement et la santé.

Pourquoi les Marocains continuent-ils de consommer des sacs en plastique?

68% des clients interrogés citent le fait qu’ils soient distribués gratuitement comme raison principale. Dans le même sens, on constate que l’usage des alternatives aux sacs en plastique est très limité. 66% des commerçants interrogés déclarent avoir «peu» ou «jamais» de clients qui utilisent des alternatives aux sacs en plastique.

D’après les personnes interrogées, les trois principaux freins à l’usage des alternatives sont leur prix trop élevé, la difficulté pour les consommateurs à changer leurs habitudes et le fait que les alternatives disponibles ne soient pas assez pratiques. Les produits humides (poisson, viande, volaille, olives, citrons confits, huile…) sont les principaux produits pour lesquels il manquerait des alternatives pratiques.

Comment a évolué le prix des sacs en plastique depuis l’entrée en vigueur de la loi 77-15?

88% des commerçants déclarent que le prix des sacs en plastique a augmenté. Vu que les sacs sont encore distribués gratuitement aux clients, ce sont donc les commerçants qui doivent prendre en charge le coût additionnel lié à cette augmentation.

Les commerçants sentent également qu’ils sont entre le marteau et l’enclume, car tant que des sacs plastiques illégaux seront facilement disponibles, leurs clients continueront d’en exiger, et d’un autre côté, ils risquent d’être pénalisés par les autorités.

Par Rania Laabid
Le 28/06/2018 à 11h55