L’affaire défraie depuis plusieurs jours la chronique à El Kelaâ des Sraghnas (région de Marrakech-Safi) et ses environs.
Les services de la gendarmerie ont récemment découvert plusieurs personnes «séquestrées» dans ce qui leur était présenté, ainsi qu’aux membres de leur famille comme étant un asile ressemblant à celui de Bouya Omar, situé non loin de là, où les aliénés pouvaient être soignés pour leurs troubles mentaux.
La découverte effectuée par les gendarmes a eu lieu dans une ferme de cette région.
Selon Al Akhbar de ce lundi 30 décembre, 19 personnes ont été retrouvées dans cet asile clandestin, où un infirmier censé exercer à Tétouan, ainsi que le propriétaire de cette ferme et son fils, ont été trouvés et placés en état d’arrestation.
D’autres arrestations sont attendues, alors que l’enquête se poursuit. Parmi elles, des personnes soupçonnées d’avoir été des intermédiaires pour le recrutement de «patients» dans cet asile.
Le quotidien indique que les enquêteurs ont appris que les personnes retrouvées dans ces lieux sont originaires de plusieurs villes du nord du Royaume, ce qui présage de l’existence d’un réseau d’intermédiaires ayant mis les familles des personnes séquestrées en contact avec le propriétaire de cette ferme.
Les enquêteurs n’excluent pas que ces intermédiaires se trouvent dans d’autres villes: à Marrakech, à Agadir, Casablanca, voire à Laâyoune, étant donné que, parmi les personnes libérées dans ces lieux, certains sont originaires de ces villes.
Interrogés par les enquêteurs, les proches des personnes retrouvées dans cet asile clandestin ont affirmé avoir participé à leur transfert dans ces lieux pour des raisons liées à leur santé, espérant qu’elles seraient traitée pour les troubles mentaux dont elles souffrent.
Dans leurs déclarations, les proches interrogés incriminent l’infirmier qui a été interpellé et était censé prendre médicalement en charge les personnes transférées.
Pour le moment, précise Al Akhbar, les enquêteurs n’ont pas encore déterminé l’ensemble des responsabilités dans cette affaire, dont celles de l’infirmier dans cet asile.
Selon le quotidien, parmi les personnes libérées, certaines avaient des antécédents judiciaires.
En plus de celles souffrant de troubles mentaux, des personnes souffrant de fortes addictions étaient également séquestrées là, afin d’être «soignées».
Le propriétaire de la ferme semblait donc profiter des souffrances de ces personnes pour convaincre leur famille de les placer chez lui, en contrepartie d’un revenu mensuel.
Il leur avait affirmé être à même de les soigner au bout de deux années, mais quand les «patients» se retrouvaient sur place, selon les premières données de l’enquête, le principal accusé et son fils mettaient à leur disposition des drogues, des psychotropes, et tout ce dont ils avaient besoin pour entretenir leur addiction.
La situation a dégénéré quand un des «patients» a eu de graves complications liées à une consommation excessive de drogues, ce qui a poussé le propriétaire de la ferme à contacter les membres de sa famille pour qu’ils viennent le chercher.
Le propriétaire de cette ferme n’avait pas pensé que cette famille, au lieu de venir chercher leur fils comme il le leur avait demandé, se rendrait à la gendarmerie pour dénoncer cette escroquerie.
C’est suite au dépôt de cette plainte, ajoute Al Akhbar, que les enquêteurs ont perquisitionné la ferme, y découvrant l’existence de ce nouveau Bouya Omar, où 19 personnes étaient séquestrées dans des conditions inhumaines.