Après Driss Lachgar, premier secrétaire de l’USFP traité d'impie, pour avoir proposé de soumettre à débat la question de l’égalité de l’homme et de la femme dans l’héritage, par l’imam Abou Naim, c’est au tour de Nassima El Horr, animatrice de 2M, d’être menacée par un imam takfiriste de Tanger qui a fait pleuvoir sur elle un déluge de violence fait d’insultes et d’inquiétantes prédications. Ces imams salafistes qui, loin de jouer le rôle qui incombe généralement à leur fonction de guide de la prière traditionnellement vu comme un sage et un savant, se sont transformés en juges tout puissants, en surhommes prétendant se hisser au rang de juges substituts de Dieu sur terre pour condamner des innocents, les diffamer, les terrifier et faire de leur vie un enfer, violant d’ailleurs, ce faisant, la tradition sunnite où l’imam ne peut prétendre avoir quelque relation privilégiée que ce soit avec Dieu.
Ce triste sire va-t-il s’en tirer impunément, comme l’imam Abou Naim (il a écopé d'un mois de prison avec sursis), retourné à son travail d’endoctrinement et d’amputation des esprits ? Car, de plus, ce n’est pas la première fois que Nassima El Horr est menacée. En effet, l’animatrice avait déjà été agressée à son domicile, il y a quelques années de cela, par des individus cagoulés armés de sabres. Concernant les nouvelles menaces et insultes proférées contre elle, Mohamed El Wafi, responsable syndical de 2M, livre un témoignage poignant.
La course vers l'obscurantisme
Car ces prédicateurs se multiplient et sont de véritables dangers publics. Ils sont conscients du pouvoir qu’ils peuvent avoir sur les fidèles qui fréquentent leur mosquée et qui se chargeront de porter sa mauvaise parole et même, le cas échéant, d’appliquer eux-mêmes la sentence. Ce sont des lynchages psychologiques qui se jouent là, littéralement, quand cela ne va pas jusqu’à l’agression physique. Et ce genre d’imams se multipliant, les victimes se multiplient aussi à travers le royaume. Pour autres exemples, Mokhtar Laghzioui, rédacteur en chef de Al Ahdath Al Maghribiya, a été menacé de mort par un imam d’Oujda; la comédienne Latefa Ahrar a de même fait les frais de violences verbales suite à un rôle dans une pièce de théâtre. Ces imams, outre les violences criminelles dont ils sont coupables et qui sont justiciables, sont en train de saborder les acquis d’une société et ses idéaux démocratiques en travaillant sournoisement sur les consciences dans lesquelles ils sèment la haine, l’intolérance, et une conception idéologique étroite et malsaine de l’autre. Un véritable naufrage dans l'obscurantisme.
