A peine commencées, les investigations sur les circonstances et les causes de l’effondrement de l’immeuble de Bourgogne, à Casablanca, ont débouché sur plusieurs hypothèses. L’enquête approfondie engagée selon les directives du procureur du roi pourrait bien mettre en lumière l’existence de tout un réseau de corruption aux multiples ramifications dans le secteur de l’urbanisme.
A en croire le quotidien Assabah, qui revient sur ce sujet dans son édition du jeudi 30 mai et cite des sources proches du dossier, les membres de l’équipe de la police judiciaire, qui planche sur cette affaire, mènent les investigations dans le secret absolu. Ils se sont d’abord intéressés à la piste des travaux de réfection et de démolition et de réparation qui ont été entrepris ou réalisés dans les appartements et les magasins de l’immeuble. Ils se sont focalisés encore plus sur la manière dont les autorisations pour mener ces travaux ont été obtenues et par la nature de ces documents.
Les enquêteurs planchent actuellement sur plusieurs pistes, souligne Assabah, mais celle qui retient leur attention est celle qui pourrait conduire à démasquer le réseau de corruption évoqué par le quotidien. Ainsi, la police a commencé par entendre les personnes ayant un lien direct avec ces travaux réalisés dans l’immeuble, dont les exploitants du local commercial, les employés de Lydec et des responsables au sein de l’arrondissement et de la préfecture.
D’après le quotidien, des mesures de sanction ont déjà été prises. Elles concernent un auxiliaire de l’autorité (moqdam) qui a été traduit devant un conseil de discipline après avoir eu droit à un blâme pour négligence.
Cela dit, d’après le quotidien, il se pourrait que l’enquête soit étendue, dans les jours à venir, à plusieurs immeubles et commerces dans la préfecture d’Anfa qui ont connu des travaux sans l’obtention des autorisations nécessaires, mais après avoir obtenu néanmoins un fer vert «verbal».
Cette fameuse formule, «allez faire ce que vous avez à faire tant que personne ne vous a vus», semble être très courante. Des personnes qui se seraient présentées chez les autorités compétentes pour demander des autorisations des travaux se seraient heurtés à cette réplique. Suite à quoi, elles ont entamé lesdits travaux.
Il faut dire, souligne le quotidien, que ces personnes sont aussi souvent découragées par la complexité technique, administrative et financière pour l’obtention des autorisations. Ainsi, des travaux de réfection et même de transformations en profondeur sont réalisés au noir. Parfois, on se contente d’une simple autorisation pour repeindre les murs ou changer la décoration intérieure pour des frais ne dépassant guère 500 dirhams pour justifier ce genre de travaux.