Casablanca: 500 victimes au cœur d’un projet immobilier fantôme à Aïn Chock

500 victimes au cœur d’un projet immobilier fantôme à Aïn Chock.. DR

Revue de presseLe parquet général de Casablanca a ouvert une enquête sur un vaste scandale immobilier et financier concernant un projet resté inachevé depuis plus de dix ans. Près de 500 acquéreurs affirment avoir été floués. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Assabah.

Le 23/10/2025 à 20h57

L’affaire du vaste projet immobilier inachevé à Aïn Chock, Casablanca, prend une nouvelle tournure. Le procureur général du Roi près la Cour d’appel de Casablanca, Salah Tizari, a ordonné l’ouverture d’une enquête sur de possibles malversations. La police judiciaire est chargée d’entendre les nombreuses victimes, indique le quotidien Assabah dans son édition du vendredi 24 octobre.

Des dizaines de plaignants se rendent depuis plusieurs jours dans les locaux de la police judiciaire pour exposer les pratiques douteuses dont ils auraient été victimes. Beaucoup d’entre eux affirment avoir versé des avances substantielles pour acquérir un appartement ou un lot de terrain depuis 2012, sans jamais voir les promesses se concrétiser.

D’après plusieurs sources concordantes, environ 500 personnes seraient concernées. Leur plainte indique que la société promotrice du projet aurait encaissé près de 2 milliards de dirhams d’avances, tout en contractant un prêt bancaire de 6 milliards de dirhams pour financer le chantier. Ces fonds, qui portent la dette totale à environ 8 milliards de dirhams, n’auraient jamais servi à la construction effective du projet. Les victimes dénoncent ce qu’elles qualifient de vaste escroquerie et de détournement de fonds, assimilables à un abus de confiance.

La plainte, adressée au parquet général, vise sept personnes, précise Assabah: deux représentants légaux de la société immobilière, un entrepreneur chargé des travaux, un directeur financier, une avocate chargée de la rédaction des contrats, ainsi que d’autres intermédiaires soupçonnés d’avoir bénéficié de manière illicite des avances ou des prêts. Les plaignants demandent au ministère public de déterminer les responsabilités et d’identifier l’ensemble des partenaires et associés potentiellement impliqués.

Cette affaire éclate alors que la banque ayant financé le projet a entrepris des procédures de saisie pour récupérer le montant du prêt. Les biens immobiliers offerts en garantie font déjà l’objet de mesures conservatoires. Les investigations de la police judiciaire devraient permettre de retracer le cheminement des sommes colossales engagées dans cette opération immobilière restée inachevée, et de vérifier les allégations de manipulation financière.

Les soupçons ne se limitent pas à la société promotrice. Ils s’étendent à l’entreprise de construction, à la juriste chargée des contrats de réservation, ainsi qu’à d’autres acteurs soupçonnés d’avoir profité des fonds du crédit ou des dépôts des clients.

Le déclenchement de cette série de plaintes intervient après que la banque a, de son côté, engagé une procédure d’alerte immobilière et déposé une plainte pénale pour détournement des fonds destinés au projet. Cette première plainte avait conduit le parquet à confier l’enquête à la Brigade nationale de la police judiciaire, chargée d’interroger plusieurs intervenants, dont une société de contrôle et d’études, des entreprises du bâtiment et divers intermédiaires, écrit Assabah.

La banque, qui avait déjà obtenu un jugement favorable du tribunal de commerce de Casablanca condamnant les responsables de la société à verser 485 millions de dirhams, a décidé d’aller plus loin en saisissant la justice pénale. Elle estime disposer d’éléments prouvant qu’une partie des acteurs impliqués aurait détourné les financements octroyés du but initial pour lequel ils avaient été alloués.

Cette affaire met en lumière les dérives d’un secteur opaque en pleine expansion. Elle pose aussi la question de la protection des acquéreurs et de la transparence dans la gestion des projets immobiliers, alors que des centaines de familles voient aujourd’hui s’évanouir leur rêve d’accéder à la propriété.

Par La Rédaction
Le 23/10/2025 à 20h57