Le marabout du saint "Bouya Omar", connu pour être un lieu de "traitement" des malades atteints de troubles mentaux, ferme ses portes. L'information fait la Une de Akhbar Al Yaoum de ce mercredi 25 décembre. La fermeture du "Guantanamo marocain", comme le décrit le journal, intervient deux semaines après que l'Alliance marocaine pour la citoyenneté et les droits de l'homme a attiré l'attention d'une délégation onusienne en visite au Maroc sur les conditions inhumaines dans lesquelles vivent les "patients" de cet espace.
Comme prévisible, cette décision n’a pas fait que des heureux. A en croire le journal, la réaction des locataires ne s’est pas faite attendre. Depuis une semaine, les cheikhs et autres locataires de ce lieu observent un sit-in de protestation devant les portes du marabout. Ils demandent à ce que cette décision "illégale et non conforme aux us des autres marabouts du Maroc soit annulée". Un manifestant a dû être emmené aux urgences suite à une violente altercation avec l’un des policiers dépêchés sur les lieux pour maintenir l'ordre public.
Les précisions des autorités
A en juger par les déclarations du chef de l’arrondissement Al Attaouia, dont dépend le marabout, il ne s’agit pas de fermer "Bouya Omar" mais de libérer les lieux. Selon lui, les cheikhs et autres charlatans qui exercent dans ce lieu devront plier bagages en raison des discordes qui surviennent entre eux et les habitants des villages voisins. Ces derniers, ajoute le journal, prétendent être des ayants droit de ces lieux et réclament leur dû des bénéfices que rapporte la sombre activité de ce marabout.
A croire que la décision des autorités locales n’est en fin de compte qu’une simple coïncidence et n’a rien à voir avec le fameux rapport de l’Alliance marocaine pour la citoyenneté et les droits de l'homme remis au représentant de l’ONU. Quoi qu’il en soit, il n’en reste pas moins que cette mesure est véritablement une bonne nouvelle pour de nombreux malades séquestrés en ces lieux et leurs familles qui dépensent tout leur argent pour soigner leurs proches à coup de charlatanisme. Avec plus de 1.080 résidents, dont 356 femmes, ce "Guantanamo marocain" est loin d’être un lieu saint.