Le célèbre acteur américain, Bill Cosby, risque jusqu’à trente ans de prison pour agression sexuelle sur l'ex-basketteuse, Andrea Constand. C’est un jury populaire qui l’a déclaré coupable, jeudi dernier, en Pennsylvanie. Agé de 80 ans, l’ex-créateur de la série télévisée «Cosby show», serait poursuivi par plusieurs femmes pour le même délit, mais les faits sont prescrits.
Bill Cosby ne nie pas les faits, mais il en a donné une autre version lors d’un procès civil en 2005: «Je lui ai donné de l’alcool et des pilules sans lui dire son contenu. Je me suis ensuite livré à des attouchements, mais c’était une relation consentie et à aucun moment Andrea n’a montré sa désapprobation».
Une affirmation qui n’a pas convaincu les jurés de Pennsylvanie, d’autant plus que dans la procédure civile, l’acteur avait versé à la victime 3,8 millions de dollars. Ce qui ne laisse aucun doute sur sa culpabilité pour la justice américaine, les médias et l’opinion publique. Personne n’a mis en doute les accusations d’Andrea et des autres victimes dont les faits ont été prescrits.
Chez nous, lors du procès de Taoufik Bouachrine, présumé coupable d’agressions sexuelles, les victimes sont devenues «coupables» par des attaques indignes de certains avocats, d'internautes et d'autres observateurs soi-disant neutres. Parce qu’elles sont des femmes, ces inquisiteurs ont essayé de les salir en rendant leur identité publique et en les traitant de tous les noms.
Si Taoufik Bouachrine est présumé innocent, les plaignantes doivent être respectées et tout le monde doit préserver leur honneur. En définitive, ce procès a encore démontré combien notre société est figée dans la représentation qu'elle a de la femme, considérée comme un être inférieur. Cet état d’esprit a été odieusement illustré par un avocat, très courageux… qui a donné un coup de poing à une journaliste dans l’enceinte du tribunal.
Aux Etats-Unis où la femme est l'égale de l’homme, personne n’a parlé de coups bas ou de manipulations même si la célébrité de Crosby dépasse les frontières de l’Amérique. Ses avocats n’ont pas crié au racisme, comme l’a fait l’inénarrable avocat Mohamed Ziane quand il a évoqué, sans vergogne, un complot juif: «Cette affaire n’est pas d’ordre moral, mais politique. C’est un juif qui leur a conseillé ou leur a proposé cela». On connaissait Ziane comme un avocat qui aime s’afficher devant les médias, mais de là à faire preuve d’un antisémitisme avéré, c’est surréaliste. Et pourquoi pas ne pas évoquer le Mossad, le FBI ou les services secrets russes? On comprend pourquoi les clients de maître Mohamed Ziane lui retirent souvent leur affaire tant l’homme est imprévisible.
Taoufik Bouachrine est présumé innocent et les plaignantes ont droit à ce que justice leur soit rendue. C'est à la justice de se prononcer sur les faits dont il est accusé. Les tentatives d'intimidation et de diversion ne devraient pas faire oublier que ce dont est accusé Taoufik Bouachrine est plus grave que ce qui est reproché à Bill Cosby.