Si aucune victime marocaine n’est à déplorer, presque tous les membres de la communauté marocaine ont des amis ou connaissances qui ont péri dans cette tragique tuerie. Certains ont préféré ne pas s’exprimer, mais d’autres se sont confiés à MAP-Canberra pour exprimer leurs sentiments d’horreur, de dégoût et d’angoisse.
"Tous les Néo-Zélandais, y compris les membres de la communauté marocaine, sont en état de choc. Personne n’est près d’oublier cette terrible journée", affirme ainsi Taoufiq El Idrissi, un homme d’affaires, qui s’est installé en Nouvelle-Zélande depuis vingt-et-un ans.
"On laissait nos portes ouvertes dans un pays à l’autre bout du monde où on pensait être loin de tous les maux du monde", témoigne Taoufiq El Idrissi, avant de souffler: "on était loin de croire que le diable pouvait être parmi nous".
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"Notre vie dans ce pays a changé ce vendredi. La vie paisible a cédé la place à l’angoisse et à la peur. Nous avons besoin de temps et de beaucoup de courage pour dépasser cette épreuve", a-t-il ajouté, plusieurs fois interrompu par des appels de personnes désireuses de s’enquérir de leurs proches.
Dans un élan de solidarité, ce Marocain a parcouru plus de 300 kilomètres de la ville où il réside, Palmerston, à Christchurch, pour être aux côtés des autres membres de la communauté musulmane dans cette épreuve "sans précédent" dans ce pays, qui compte quelques 46.000 musulmans, soit un peu plus de 1% de la population du pays.
Ahmed Belghachi n’était qu’à quelques kilomètres de la mosquée Al-Noor, première cible de l’extrémiste australien. "Je travaillais à la banque quand on a reçu la terrible nouvelle de l’attaque terroriste. Comme les procédures le prévoient, les bureaux ont été fermés. Personne n’a le droit d’entrer ou de sortir. On est restés coincés jusqu’à 19 heures", confie ce cadre marocain, qui est arrivé en Nouvelle-Zélande voici 20 ans.
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"L’ambiance était triste dans la banque. Mes collègues pleuraient alors qu’ils suivaient les informations. Leurs enfants et leurs bien-aimés étaient tous coincés dans des établissements qui ont été verrouillées par mesure de sécurité", se remémore Ahmed Belghachi. "C'est une journée qui ne s’effacera pas de sitôt de nos mémoires", ajoute-t-il.
"Les membres de la communauté musulmane sentent une angoisse qu’ils n’ont jamais connu en Nouvelle-Zélande. La paix qui prévalait dans ce pays paisible n’est plus", résume ce cadre, qui est entré, plusieurs fois, en contact avec la police néo-zélandaise pour connaître l'identité des victimes de ces tragédies.
Ces sentiments sont partagés par Moussa Bouray, un jeune doctorant, qui a été un témoin oculaire de l’une des deux attaques terroristes.
"A mon arrivée à Masjid Al-Noor, et alors que j’essayais de garer ma voiture, j’ai entendu plusieurs coups de feu et j’ai vu une foule de personnes courir dans tous les sens", témoigne ce jeune Marocain.
"Je venais de déposer mon épouse devant la mosquée pour trouver une place dans le parking. Elle s’est protégée pendant plus d’une heure dans un immeuble avoisinant la mosquée", relate Moussa Bouray, qui se souvient encore des cris et des hurlements qui fusaient de toutes parts.
"C’était un vrai cauchemar. On aura besoin du temps pour oublier cette tragédie", ajoute cet étudiant, qui s'est installé à Christchurch en septembre 2017.
Son compatriote, Adil Bennani, parle quant à lui d’une "tragédie sans précédent" pour ce pays, où il a élu domicile depuis 2007.
"Au lendemain des attaques terroristes, les visages ont changé et les sourires qui se dessinaient sur les lèvres des Néo-zélandais ont disparu. Ce sont des moments de deuil national", confie Adil Bennani, qui travaille en tant que guide touristique.
"On a perdu des amis chers dans ces attentats, qui ont fait des veuves et des orphelins", ajoute Adil Bennani, tout en s’efforçant de retenir ses larmes, puis il affirme que toutes les discussions tournent actuellement autour des événements de vendredi dernier.