La crise du Covid-19 et la saison agricole marquée par une sécheresse impitoyable pèsent de tout leur poids sur les épaules des éleveurs et les bourses des ménages à l’approche de la fête de Aïd el-Kébir. Les uns espèrent le maintien de la fête, alors que les autres prient pour son annulation.
Les premiers tablent sur cette occasion qui leur permet de vendre leurs bêtes, sauver la saison et limiter les dégâts provoqués par la sécheresse. Les seconds, notamment les familles à modeste revenu, et celles dont le pouvoir d’achat a été profondément éprouvé par la conjoncture, évoquent les effets ravageurs de cette crise, pour demander l’annulation de ce rituel qui occasionne de lourdes dépenses, avec ou sans flambée des cornes.
Entre les deux, le ministère de l’Agriculture, de la pêche maritime et du développement rural rassure: l’offre sera abondante, le cheptel est en bonne santé, les prix seront abordables et toutes les mesures sont mises en place pour que la fête se déroule dans les meilleures conditions, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghrebia, qui se penche sur ce sujet dans son édition du week-end des 13 et 14 juin.
D’ailleurs, souligne le quotidien, le ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime et du développement rural, Aziz Akhannouch, a déjà confirmé que ce rituel sera célébré dans des conditions optimales, précisant que son département a pris toutes les mesures nécessaires relatives au suivi du cheptel, à l’ouverture et l’organisation des souks hebdomadaires et le lancement de l’opération d’identification des ovins et des caprins destinés au sacrifice.
En fait, son maintien alourdit les charges des uns et son annulation pénalise les autres. L’équation ressemble au dilemme consistant à déshabiller Jean pour habiller Paul. La solution réside dans le fait de préserver l’intérêt des deux parties. «L’annulation de ce sacrifice serait une calamité pour les éleveurs qui attendent impatiemment cette occasion pour commercialiser leurs bêtes et faire face aux lourdes charges de la saison», a fait savoir le président de la chambre d’Agriculture de la région Casablanca-Settat, Abdelfattah Ammar.
Et de préciser que l’éleveur, qui a été pénalisé par la fermeture des souks hebdomadaires à cause de la crise, se retrouverait dans une situation catastrophique en cas d’annulation. «Nous irons en prison si la fête est annulée», a martelé un éleveur au quotidien. Un autre a indiqué que les éleveurs, qui investissent toute l’année pour élever leur cheptel dans de bonnes conditions sanitaires, en l’absence de subvention, déclareront faillite.
Autant dire que l’annulation signifie des pertes colossales pour les éleveurs. D’ailleurs, le président de la chambre d’Agriculture de la région Casablanca-Settat, Abdelfattah Ammar, l’a clairement signifié. «Le gouvernement doit être prêt à indemniser les éleveurs en cas d’annulation de la fête de l'Aïd el-Kébir». Quoi qu’il en soit, la décision d’annulation de ce rituel relève des compétentes du roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, (commandeur des croyants)».