Une soirée musicale, organisée par l’Association des œuvres sociales des fonctionnaires de la commune urbaine d’Agadir (AOSFOC), à l’occasion de la Journée de la femme, a tourné au ridicule, jeudi dernier. Et pour cause, sous prétexte que la soirée était exclusivement réservée aux femmes, un violoniste qui accompagnait le groupe de musique majoritairement composé de femmes a été isolé dans un box improvisé en tissu blanc. «Les élues locales, membres du PJD, qui ont procédé ainsi voulaient mettre les femmes voilées à l’aise», rapporte Assabah dans son numéro de ce week-end des 19 et 20 mars.
La démarche a immédiatement soulevé un tollé. Alors que les partisans estiment que cette séparation est logique et d’usage dans les familles marocaines conservatrices, ceux qui sont contre pensent qu’il s’agit d’une erreur impardonnable.
Ainsi, précise le journal, Said Lakhal, chercheur spécialiste des mouvements islamistes, estime qu’ «il n’est pas raisonnable de prétendre que c’est un comportement normal dans plusieurs familles marocaines pour justifier cette séparation. Au contraire, cet acte est dangereux et dégoûtant, surtout de la part d’un organe officiel qui doit respecter et consacrer le projet social démocratique qu’a choisi le Maroc dans sa Constitution de 2011».
Pour le chercheur, cette ségrégation sexuelle aurait été comprise si elle émanait de groupes extrémistes. «Mais qu’elle soit officielle, lors d’un événement sponsorisé par un établissement public n’est pas admissible», rapporte Assabah. Car tous les établissements du pays sont basés sur la mixité, consacrant les valeurs de tolérance que défend le Maroc.
Des acteurs de la ville ont également fait part de leur surprise face à ce changement «radical» dans la gestion de l’association. «Un élu du mandat précédent précise que même si la gestion de la ville est à la charge de personne de courant religieux conservateur, la bénédiction du Conseil municipal, principal sponsor, avec 1,5 million de dirhams par an, est une grave erreur.
Pire, cette démarche est qualifiée d’inutile puisque de par la nature des postes qu’elles occupent, les élues et fonctionnaires de la commune sont en contact quotidien avec des interlocuteurs du sexe opposé. Quoi qu’il en soit, le quotidien a tenté d’approcher Abdelilah Raji, président de l’association afin de recueillir son point de vue sur cet incident, sans succès.