La Chambre criminelle financière près la Cour d’appel de Rabat a suspendu l’examen du dossier retentissant du détournement de près de 260 millions de dirhams au sein d’une agence bancaire à Tétouan. Une nouvelle audience a été fixée au 17 novembre, afin de permettre la comparution de personnalités de premier plan et de responsables siégeant aux commissions d’inspection et de suivi des opérations bancaires.
«Cette décision intervient dans un climat d’intenses spéculations concernant la gestion des plaintes et les relations troubles que les accusés entretiendraient avec des figures influentes au sein de diverses institutions», rapporte Al Akhbar en date du 30 octobre. Le scandale, qui a ébranlé la direction centrale de l’Union marocaine des banques, prend une ampleur particulière avec les révélations d’un second accusé, employé de la banque.
Celui-ci a détaillé le circuit de ces flux financiers opaques, impliquant plusieurs notables et promoteurs immobiliers du nord du Royaume. En contrepoint, les déclarations du directeur de l’agence, coaccusé, présentent des contradictions flagrantes avec celles de son subordonné, le premier ayant pour sa part insisté sur la légalité de certains prêts.
Selon des sources proches du dossier, la prochaine audience s’annonce décisive. Les responsables des commissions d’inspection seront soumis à un interrogatoire serré sur l’origine et la finalité de transactions suspectes, et sommés de produire les justificatifs attestant de la régularité des prêts consentis. Les mis en cause devront, quant à eux, s’expliquer sur la création présumée d’un système informatique parallèle, son utilisation frauduleuse et l’étendue des complicités internes.
Par ailleurs, la Cour se penchera sur des dossiers annexes liés à la gestion financière du club de football du Moghreb de Tétouan et à de possibles opérations de blanchiment d’argent. Les investigations des autorités compétentes n’excluent pas que des dizaines de millions aient été engloutis dans les salles de jeu de Tanger ou aient servi au financement de projets immobiliers avortés.
Sont également évoquées des créances impayées, injectées sur des comptes privés, «blanchies» ou écoulées sur les marchés noirs actifs dans la région nord. Il convient de rappeler que ce scandale, qui a éclaté au grand jour en impliquant un responsable bancaire et un conseiller communal de Tétouan, avait provoqué un séisme au plus haut niveau de la direction de l’Union marocaine des banques et de son réseau.








