A Casablanca, l'ère des SDL semble révolue

Coupole Zevaco, place des Nations Unies, Casablanca (cliché datant sans doute du début des années 80). Conçue dans les années 70 par l'architecte marocain Jean-François Zevaco (1916-2003), l'œuvre fut dégradée. Sa réhabilitation suit actuellement son cours.

La Coupole Zevaco, place des Nations Unies, dont la réhabilitation par Casa Patrimoine a pris des années.. DR

Revue de presseAu regard de leur bilan mitigé, les Sociétés de développement local pourraient être délaissées par les autorités de la ville. La mise à l’arrêt de l’une d’entre elles est même déjà en cours. Cette revue de presse est tirée d’un article d’Al Aldath Al Maghribiya.

Le 03/10/2024 à 21h32

Elles étaient au cœur du modèle déployé par Casablanca pour tenter de résorber ses principales problématiques et atteindre ses objectifs de développement. Elles pourraient aujourd’hui disparaître, au regard des bilans mitigés qu’elles ont réalisés. Elles, ce sont les Société de développement local (SDL), à qui la ville de Casablanca a confié des dossiers stratégiques, dont la continuité est désormais sujette à question. Des décisions récemment prises par les autorités de la ville, entre la dissolution de certaines SDL et la réduction des périmètres d’autres, laissent présager que leur ère s’achève.

Dans son édition du vendredi 4 octobre, Al Ahdath Al Maghribia consacre une longue analyse au modèle des SDL, présenté il y a quelques années aux Casablancais comme la solution pour répondre à leurs aspirations. Et d’emblée, on peut dire que leur bilan est tellement mitigé que beaucoup pensent que leur modèle devrait laisser la place à celui de la Société régionale multiservices. Cette dernière a, pour rappel, démarré son activité début octobre, en reprenant la gestion de la distribution de l’eau et de l’électricité dans toute la région de Casablanca-Settat.

Au début de son analyse, le quotidien fait d’abord remarquer que Casablanca compte quelque 147 élus alors que de grandes villes comme New York ou Londres n’en comptent que 51 et 32 respectivement. Les missions de la collectivité locale y sont confiées justement à des SDL. Il semble que les responsables de Casablanca se soient inspirés du modèle de ces villes pour entamer, en 2014, le virage des SDL.

Dix ans après, Casablanca en compte pas moins de sept, à qui sont confiés des projets et des missions stratégiques. Mais toutes n’ont pas atteint la réussite espérée, remettant même en cause la pertinence de leur existence. Comme le rapporte le journal, les autorités de la ville ont entamé les procédures pour dissoudre Casa Patrimoine. La dissolution est à l’ordre du jour de la prochaine session du Conseil de la ville et les contrats confiés à cette SD seront annulés lors de la même session.

D’après le quotidien, si cette dissolution est actée, c’est parce qu’il ne fait aucun doute que les projets confiés à Casa Patrimoine ne se sont pas concrétisés. C’est le cas par exemple du réaménagement de certains passages commerciaux historiques de Casablanca, ou encore des façades de constructions classées au patrimoine culturel de la métropole. Mais de tous les projets qui témoignent de l’échec de cette expérience, Al Ahdath Al Maghribia cite celui du réaménagement de la coupole Zevaco dans le centre-ville, qui a mis de longues années à se concrétiser.

Comme cette SDL, le bilan de Casa Animation ne plaide pas non plus pour sa survie. D’ailleurs, à en croire le quotidien, la création de cette dernière est elle-même frappée d’une contradiction: la ville lui a donné naissance pour gérer l’animation et les événements sportifs organisés à Casablanca, alors que le législateur ne le prévoit pas parmi les prérogatives du conseil de la ville.

Passant cette contradiction, le journal analyse les événements et projets qu’a eu à gérer ces dernières années cette société. Le premier est le Marathon de Casablanca. Alors qu’il devait être un porte-drapeau pour faire briller la ville sur la scène sportive, il est devenu source de moqueries tant il est devenu mal organisé ces dernières années. Même déception lorsqu’elle a mis en place un logo pour marketer, selon ses dires, Casablanca à l’échelle internationale. WeCasablanca, dont la conception a coûté 6,3 millions de dirhams, a provoqué un tollé chez les Casablancais, beaucoup s’étonnant que sa conception, plutôt simpliste, ait coûté aussi cher.

Deux autres SDL sont également citées par Al Ahdath Al Maghribia comme exemple de l’échec de ce modèle. C’est le cas de Casa Prestations, dont les marchés ont été sources de polémiques en raison de l’identité des entreprises gagnantes qui semblaient avoir des intérêts dans les secteurs concernés. C’est le cas aussi de Casa Ressources, créée en 2018 pour gérer et optimiser les ressources de la ville, et qui est depuis restée en veille pour des raisons toujours inconnues

Par Fayza Senhaji
Le 03/10/2024 à 21h32