La nouvelle des méthodes d'espionnage américaines en Europe a fait scandale. Les révélations d’Edward Snowden sur les écoutes de l’Agence nationale américaine de sécurité (NSA) ont fait l’effet d’une bombe, il y a aujourd’hui cinq mois. Une bombe qui a ébranlé la confiance du Vieux Continent en son "allié" américain, mais dont les chefs d'Etat européens se sont évertués à amortir le choc. Ces pratiques d’espionnage à grande échelle de la NSA ont choqué et suscité l’indignation des puissances européennes, et en particulier de la France et de l’Allemagne qui ont demandé des explications aux ambassadeurs américains.
La confiance entre les Etats Unis et l’Europe est désormais dramatiquement mise à mal suite à cette surprenante découverte. La France et l’Allemagne ont jugé inacceptables, comme on s’en serait douté, cette politique aberrante de surveillance dont les objectifs restent obscurs. A l’occasion du dernier sommet européen qui a eu lieu les 24 et 25 octobre, François Hollande et Angela Merkel ont d’ailleurs exigé la mise en place d’un "code de bonne conduite" entre les Etats européens et les Etats-Unis en matière d’espionnage.
Après les réactions émanant de Paris et Berlin, les voix se sont élevées à Madrid pour demander des comptes aux Américains. Les européens restent cependant modérés dans leurs propos, ayant à cœur de préserver les bonnes relations avec les USA. L’affaire est grave, cependant, et les pays touchés expriment clairement leur mécontentement et leur incompréhension, malgré le ton qui se veut rester diplomatique. Car les Américains n’y sont pas allés par quatre chemins : pour exemple, le portable d’Angela Merkel était mis sous écoute depuis 2002.
"L"espionnage entre amis, ça ne va pas du tout", a déclaré Angela Merkel à propos de cette affaire. Aujourd’hui, la confiance "doit être rétablie entre partenaires", a-t-elle ajouté lors de son allocution à Bruxelles à la réunion trimestrielle des chefs d'Etat et de gouvernement européens. Le président Obama, dont on imagine l’embarras, a été bien obligé de s’expliquer auprès de ses homologues européens et a pris la parole par deux fois pour s’adresser à François Hollande d’une part, et à Angela Merkel d’autre part. N’eût été la volonté clairement exprimée par les puissances européennes de rétablir une relation de confiance avec la puissance américaine, les choses auraient pu prendre une tout autre tournure, bien plus agressive.