Il dame le pion au RNIste Ali Qayyouh et à l’USFPéiste Abdelouahed Radi, ancien président du Parlement et ex-ministre de la Justice. Mais il ne le fait pas en sa qualité de député fort en thème ou de politique très porté sur les polémiques. Il est tout simplement l’aîné des 395 élus appelés à siéger dans le nouveau Parlement issu du scrutin du 7 octobre.
Il va réaliser pour la deuxième fois (la première remontait à 2007) le rêve de s’emparer du perchoir, donner la parole à tel ou remettre à l’ordre tel autre. Mais juste le temps d'une seule séance plénière, celle réservée à l'élection du président de la chambre des Représentants.
C’est que Brahim El Mouhi présidera la première séance publique dédiée à l’élection du futur président de la première chambre du Parlement, comme le stipule le règlement intérieur.
Du carbone 14 pour Da Brahim
Sur ses papiers officiels, Brahim El Mouhi est âgé de 87 ans (né en 1929). Dans son patelin de Ouaouli, près de Demnate, les habitants jurent la main sur le cœur qu’il est plutôt centenaire.
C’est ce patelin, commune rurale qu’il préside depuis sa création en… 1961, qui lui a fourni une bonne partie des 19.264 voix qui lui ont permis de remporter un siège, loin devant son challenger direct (PJD) qui a eu droit à 8974 suffrages!
Sauf que cette fois, il a été élu sous les couleurs du PAM alors qu’en 2007 il avait revêtu les habits des socialistes alors qu’avant, il s’était présenté sous la bannière de la Haraka.
Brahim El Mouhi est invisible au Parlement où il a quand même usé deux mandats.
Il préfère se concentrer sur les affaires de sa petite commune et à d’autres mandats électifs comme celui de membre de la Chambre d’agriculture de la région (trois mandats successifs).
Un président en turban
Brahim El Mouhi, dont les rares passages au Parlement ne passent jamais inaperçus, refuse de se plier à la mode et se séparer de son turban mis à la manière des tribus amazighes de la région d’Azilal.
Têtu comme personne, Brahim El Mouhi gère d’une main de fer sa commune rurale et ne tolère aucunement d’être contredit ou contrarié.
Dans l’une des célèbres vidéo circulant sur la Toile, on le voit expulser un individu qui a osé lui tenir tête lors d’une session du conseil communal de Ouaouli.
Au PAM, l’homme passe presque pour un inconnu. «Vous savez, nous avons une armée de députés avec nos 102 sièges et il est difficile de mettre des noms sur des visages», nous répond un responsable du parti du Tracteur quand nous avons demandé des renseignements sur Brahim El Mouhi.
Le plus âgé des parlementaires retombera sûrement dans l’oubli, mais pas dans sa commune où il cultive un véritable culte de la personnalité. Et pour cause.
N’ayant jamais été à l’école, il est le fils d’un cheikh des tribus de la région.
Quand son père est décédé, il a repris le flambeau de la «Mechyakha» pour ne plus jamais le lâcher et c’est ce qui explique en partie sa personnalité et son penchant pour l’autorité.
Brahim El Mouhi, en politique comme en famille, n’a pas perdu son temps. Il est le père d’une petite armée de 12 enfants dont l’âiné, Mohamed, doit approcher les 70 printemps…
