Loups, ânes, etc: le retour du lexique d’Al-Jahiz sur la scène politique

Rachid Talbi Alami, président de la Chambre des représentants.

Rachid Talbi Alami, président de la Chambre des représentants. . DR

Revue de presseKiosque360. Dans une violente passe d’armes à distance, le patron du PJD, Abdelilah Benkirane, et le dirigeant du RNI, Talbi Alami, ont puisé dans le lexique des animaux et des adages populaires pour se flageller. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Assabah.

Le 16/05/2022 à 19h54

Onze siècles après sa mort, l'écrivain encyclopédiste arabe, Al-Jahiz, a trouvé des émules au sein de la classe politique marocaine qui s’inspire de son encyclopédie des animaux et de sa poésie sarcastique. Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du mardi 17 mai, que le dirigeant du RNI, Talbi Alami, et le patron du PJD, Abdelilah Benkirane, ont puisé dans le lexique des animaux de ce grand polygraphe dans leur violente passe d’armes. Samedi dernier, dans la région de Rabat-Salé-Kenitra, lors d’une réunion avec les membres de son parti, Le président de la Chambre des représentants a répondu aux attaques répétitives de Benkirane contre les dirigeants du RNI: «Cet homme (Benkirane) ne comprend pas les propos directs. Il faut donc s'adresser à lui en adoptant un discours qui s’inspire du vocabulaire des animaux» . 

Talbi a ainsi comparé la situation du chef des islamistes à celle d’un vieux loup devenu incapable d’aller chercher sa proie. Une histoire, ajoute-t-il, que sa grand-mère racontait à ses petits-fils pour qu’ils puissent en tirer les enseignements qui leur permettront d’éviter de perdre du temps. Et Talbi de se remémorer le récit de sa grand-mère: «Un loup fatigué et amaigri par la vieillesse était sorti dans la forêt et avait commencé à pousser des hurlements, sans trouver d’écho auprès de ses congénères».

Le quotidien Assabah rapporte qu’en racontant cette histoire, Talbi Alami laisse entendre que les attaques de Benkirane contre les dirigeants du RNI ne trouveront aucun écho: «Les dirigeants du PJD qui se targuent d’être des démocrates refusent l’alternance des générations à la présidence du parti. Les vieux islamistes se partagent des avantages, versent dans les polémiques stériles et passent leur temps à ressasser des sujets secondaires et futiles». 

En réponse à ces critiques acerbes, Benkirane n’a pas fait dans la dentelle, dimanche dernier, lors d’un congrès régional à Casablanca, lorsqu’il a qualifié Talbi Alami d’ «âne» en s’inspirant, lui aussi, d’un adage populaire raconté par sa mère: «On a plébiscité l’âne et soigné sa réputation en lui mettant une bride en or et des fers en argent, mais il s’est mis à braire pour réclamer sa vieille selle».

Par Hassan Benadad
Le 16/05/2022 à 19h54