La décision de la suspension provisoire d’un grand nombre d’enseignants grévistes, qui était préparée à l’avance par le ministère de l’Éducation nationale pour face aux grèves qui ont paralysé l’école pendant des semaines, a suscité une grande polémique sur sa «légalité».
La lettre ouverte lancée par plusieurs acteurs politiques, éducatives, syndicaux et des droits de l’Homme considère cette décision comme une «mesure irresponsable qui accusent les enseignants d’avoir commis des fautes professionnelles graves alors qu’ils ne font qu’observer des grèves légales et légitimes pour protester contre un statut injuste et défendre l’école publique avec des revendications justes et à leur tête le respect de la dignité de l’enseignant».
Il faut savoir que des centaines de décisions de suspensions provisoires ont été notifiées aux enseignants grévistes conformément aux dispositions de l’article 73 du dahir publié le 24 février 1958 portant statut général de la fonction publique, rapporte Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du 8 janvier.
Selon cet article sont considérées fautes graves « les absences répétées et illégales, l’entrave au fonctionnement normal de l’établissement scolaire, le non-accomplissement des missions qui leur sont confiées et le manquement à leurs obligations professionnelles». Les syndicats de l’enseignement se sont élevés contre le recours du ministre de l’Éducation nationale, Chakib Benmoussa, à la procédure de suspension qu’ils considèrent comme «illégale» tout en l’appelant à revenir sur sa décision.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia souligne que le syndicat national de l’enseignent (SNE affilié à la CDT) a, tout en condamnant la décision du ministre, considéré que «le moment nécessite de placer l’école et l’intérêt supérieur des élèves au-dessus de toute considération et de créer un climat sain pour que l’ensemble des acteurs puissent adhérer à la mission de rattraper le temps scolaire perdu».
De son côté, la Fédération libre de l’enseignement (FLE affiliée à l’UGTM) a également dénoncé la décision de la suspension des grévistes tout en appelant le ministre Benmoussa à « l’annuler afin de réussir le dialogue sectoriel et de reprendre confiance sur ses conclusions ». La FLE souligne, en outre, qu’elle suivra de près l’évolution de la situation des enseignants suspendus avec les responsables régionaux et provinciaux.
Pour leur part, les enseignants ont vivement protesté contre ces décisions qu’ils considèrent comme «illégales et anarchiques et qui ne font qu’aggraver davantage la perte du temps scolaire des élèves»