Le rappeur Emino rejoint les rangs de Daech

Enfant de la révolution du Jasmin, rappeur aprécié, Marwan Douiri dit Emino a jeté un froid dans le monde de la musique en annonçant sur Facebook qu'il avait quitté la Tunisie pour rejoindre les rangs de Daech. Le jeune homme de 25 ans, qui s'était fait un nom en dénonçant notamment la répression policière, a troqué ses chaînes en or et ses lunettes bling-bling pour un look 100% jihadiste: sur la photo qu'il a postée sur les réseaux sociaux pour témoigner de son allégeance à l'autoproclamé calife Abou Bakr al-Baghdadi, on le voit tout de noir vêtu, posant sur une place sur laquelle flotte le drapeau de Daech, quelque part en Libye. Ses proches et fans, encore sous le choc de la nouvelle, ont du mal à y croire.« Il chantait la vie, il chantait des chansons engagées contre la police, il parlait de la drogue, il parlait des jolies filles, de la répression que subissait la jeunesse de notre pays », raconte au journal français Le Figaro l'avocat du rappeur, Me Ghazi Mrabet, qui l’a défendu alors qu’il était poursuivi par la justice tunisienne pour sa consommation de drogue ou ses paroles contre la police.Que s'est-il donc passé dans la vie de ce "bad boy anti-système" pour opérer un tel virage? «Il en [avait] marre de la répression anti-jeunes. Plusieurs procès [ont été] intentés aux rappeurs, aux jeunes, aux artistes, ces trois dernières années. Il était parmi ceux qui étaient condamnés et, pour moi, c'est la principale raison», explique Me Mrabet qui affirme avoir vu son client changer après une condamnation à deux ans de prison en 2013 pour possession de cannabis. "Sa réaction a été de dire : "Y en a marre, il faut quitter ce pays où on brise tout espoir», poursuit l'avocat. Et, sans doute, de se radicaliser."