En dépit d’une Révolution plus que bicentenaire, les médias français continuent de fantasmer dur sur tout ce qui se rapporte de près ou de loin à la royauté. La monarchie marocaine n’échappe pas à cette tendance très voyeuriste des journalistes parisiens de transformer en scoop, n’importe quel fait divers, pourvu qu’il concerne un membre affilié à la famille royale.
C’est justement l’exercice un peu débile auquel s’est récemment adonné le journal «Le Parisien» en faisant tout un tintamarre autour du «vol en pleine Gare du Nord à Paris d’une valise appartenant à une princesse marocaine».
Le plus cocasse dans cette histoire, c’est qu’il fallait la pigmenter pour la rendre croustillante et comestible même pour ceux qui sont atteints de gastrite. Abracadabra et la valise volée de «la princesse marocaine» s’est transformée en caisse à trésor, remplie de bijoux rutilants sortis tout droit d’un conte de Shéhérazade qui semble nourrir l’imaginaire très orientaliste des journalistes du ounal «Le Parisien».
Adieu éthique et rigueur journalistique! L’info est tellement exclusive qu’il faut vite la balancer au public, avide de potins sur les têtes couronnées. Sans même prendre la peine de s’assurer si l’intéressée qui étudie à Londres où, soit dit au passage, il y a plus de sécurité qu’à Paris, est une princesse ou plutôt la fille d’une princesse. Sans même tiquer sur le fait qu’il est totalement insensé qu’une étudiante de passage, le temps d'un week-end, dans la capitale française pour rendre visite à sa mère et à sa sœur, se trimballe avec une valise pleine de bijoux.
Alors que s’est-il passé en réalité? Il s’agit tout simplement d’un banal larcin qui ressemble à ceux qui sont commis au quotidien dans les espaces publics et les gares parisiennes, dont a été victime une jeune Marocaine de 18 ans qui a décidé de porter plainte au commissariat du XVIIIème ayant compétence pour la Gare du Nord. La jeune femme avait le souci normal de récupérer ses effets personnels, à savoir un sac, des habits de deux jours, des accessoires de maquillage, en plus d’une montre "Rolex" et des boucles d'oreilles offertes par sa mère, revêtant pour elle une valeur plus sentimentale que vénale. Rien de plus!
Le comble dans tout cela, c’est que la plainte a été retirée, avec la conviction qu’aucune suite ne lui sera donnée comme c'est le cas pour des milliers d’autres en souffrance. Et, visiblement ce pressentiment n’était pas déraisonné, puisqu’au lieu que la police du XVIIIème fasse son job pour neutraliser les voleurs, elle s’est autorisée à filtrer à la presse une histoire rocambolesque qui ferait rougir de honte le dernier des Ali Baba. Il y a de quoi rester perplexe face à cette incartade d’une police censée être plutôt sur les dents dans le cadre de l’état d’urgence décrété au lendemain des tragiques attentats de Paris!
Par Haim Zagourihttp://ibnlamalif.canalblog.com/archives/2016/02/16/33379131.html