2M, la deuxième chaîne du pôle audiovisuel public (SNRT) dirigé par Fayçal Laraïchi, a déprogrammé « Akhtar Al Moujrimine » (Les plus dangereux criminels) alors que Médi 1 TV a reformulé « Masrah Al Jarima » (Scène de crime). Les chaînes de Aïn Sebaâ et Tanger ont agi de la sorte pour se conformer aux dispositions des cahiers des charges, aux recommandations de la HACA (Haute autorité de la communication audiovisuelle) ainsi qu’aux injonctions du gouvernement. C’est ce que rapporte le quotidien Akhbar Al Yaoum dans sa livraison de ce jeudi 5 février. Selon ce journal, 2M a remplacé « Akhtar Al Moujrimine » par « Achouj3ane, hikayat batal » (Les courageux, histoire d’un héros) au moment où Médi 1 TV a pris sur elle de revoir « Masrah Al Jarima ».
A la mi-2014, affirme Akhbar Al Yaoum, le chef du gouvernement en personne avait saisi la HACA pour avoir son avis concernant ce genre d’émissions et pour savoir si elles étaient utiles pour sensibiliser et combattre le crime ou, tout au contraire, si elles ne faisaient que banaliser la criminalité et la violence. Citant Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, le journal affirme que Abdelilah Benkirane a posé trois grandes problématiques dans sa saisine de la HACA : la protection du public mineur, le respect de la présomption d’innocence et de la vie privée ainsi que le droit à l’image. Et ce n’est pas tout. Akhbar Al Yaoum écrit que plusieurs prisonniers s’étaient plaints, via la Délégation générale de l’administration pénitentiaire et à la réinsertion, de l’exploitation faite par les télés publiques de crimes qu’ils avaient commis et qui ont servi de matière première pour ce genre d’émissions.
Le professionnalisme dans la dignité
Mustapha El Khalfi explique à Akhbar Al Yaoum que la saisine du gouvernement a trouvé un écho positif chez les dirigeants des chaînes télé du service public. Et mieux : ces dernières ont commencé à programmer et diffuser des programmes vantant les valeurs de solidarité et accompagnant les efforts de réinsertion des prisonniers et autres délinquants. Ce genre d’émissions, dans le monde entier, font le bonheur des chaînes de télévision au vu de la grande audience qu’elles drainent, mais ont toujours suscité une grande polémique qui n’a pas épargné le Maroc. En octobre dernier, des internautes avaient lancé une pétition pour demander la suspension de « Akhtar Al Moujrimine » et « Masrah Al Jarima ». Aujourd’hui, avec l’implication du gouvernement et de Benkirane himself, ils ont eu gain de cause.