Le pôle audiovisuel public cherche à couper le cordon ombilical qui le rattache à l’Etat. Tout porte à le croire, à lire l'édition d'Akhbar Al Yaoum de ce vendredi 20 décembre. Habituellement très discret, Faïçal Laraïchi sort de son mutisme pour réclamer "plus d’indépendance de l'audiovisuel public", lit-on sur la Une du quotidien arabophone. Lors d’une conférence organisée, jeudi, par la SNRT, le président de la SNRT et 2M a appellé à "une autonomie notamment financière de la télévision publique".
Selon Akhbar Al Yaoum, le président de la holding nationale "cherche à obtenir des sources de revenus fiables et stables qui permettraient aux responsables du secteur d’adopter des plans stratégiques et de prendre des décisions claires". Par son intervention lors de cette rencontre, Laraïchi a pointé du doigt la décision du gouvernement Benkirane "d’exonérer les foyers marocains de la taxe de la promotion audiovisuelle qui a fait perdre à l'audiovisuel public 400 millions de DH".
Un pôle public sous intraveineuse
Le retard enregistré par le ministère de la Communication pour la signature du nouveau contrat-programme, lit-on sur Annas, a lourdement contribué à enfoncer le pôle public dans une crise financière grave. Une situation "douteuse" au goût de Laraïchi, qui s’interroge sur les colonnes du support sur "l’avenir du secteur audiovisuel marocain à la lumière de la nouvelle Constitution". Un avenir que Laraïchi ne perçoit pas sans une indépendance éditoriale et financière. Car, selon lui, "c’est la stabilité des comptes qui permettra de faire aboutir les grands chantiers qui attendent le secteur". Et des chantiers, ce n’est pas ce qui manque ! Si le pôle public envisageait déjà une "refonte" de sa structure tant sur le plan du contenu que du contenant, Mustapha El Khalfi, à son arrivée au ministère de la Communication, a également inscrit de nouvelles "priorités" au cahier des charges du secteur. Citons, parmi elles, la création de nouvelles chaînes thématiques (parlementaires, familiales …). A croire que celles qui existent actuellement s’en sortaient sans l'aide de l’Etat.
Force est de constater que la situation actuelle du secteur est globalement liée à son modèle économique principalement basé sur les subventions de l’Etat. Résultat, aujourd’hui, même s’il était politiquement indépendant, le pôle audiovisuel public n’est pas encore en mesure de s’assumer financièrement. A travers ces déclarations, on dirait bien que Laraïchi est décidé à adopter un nouveau modèle économique plus rentable, basé sur l’offre commerciale, ce qui permettrait probablement à la télévision nationale d’améliorer au passage son offre télévisuelle.