Audiovisuel: Les producteurs veulent saisir le roi

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Les maisons de production montent au créneau et projettent de déposer un mémorandum auprès de la primature et du cabinet royal pour une nouvelle réforme du secteur.

Le 24/12/2013 à 12h11

"La seule chose bien qu'a dite Mustapha El Khalfi depuis son arrivée au ministère, c'est de nous appeler à défendre notre secteur". Décidément, les producteurs n'y vont pas de main morte lorsqu'ils parlent du ministre de la Communication. Il faut dire qu'ils ont la grogne assez dure depuis qu'El Khalfi a pris les commandes du ministère, ou plus exactement depuis qu'il a changé les cahiers des charges des télévisions publiques (près de deux mois après son arrivée). Et pour cause : "Avant la transparence, les maisons de productions obtenaient deux ou trois productions par saison, c'était raisonnable. Aujourd'hui, et avec la transparence, une seule société décroche jusqu'à huit lots de production", fait remarquer ironiquement le comédien Mustapha Zaâri, lors d'une journée d'étude sur "la presse et le secteur audiovisuel" organisée lundi à Casablanca. Quelques semaines après la publication des résultats des appels d'offres pré-ramadan de la SNRT et de 2M, les producteurs tapent du poing sur la table. Sur les dizaines de sociétés ayant candidaté aux deux appels d'offres, une poignée d'entre elles seulement ont raflé la mise, empochant plusieurs productions et avec elles plusiurs millions de DH.

Résultats appel d'offres SNRT - 2M

SOCIETE SNRT 2M TOTAL
Public Evénement Production 14,37 MDH 10 MDH 24,37 MDH
Image Factory 13,33 MDH 3,56 MDH 16,89 MDH
Good New Com 5,49 MDH 8,51 MDH 14 MDH
Connexion Media 11,34 MDH 2,16 MDH 13,5 MDH
Ali'N Production 4,78 MDH 5,48 MDH 10,17 MDH
Disconnected 7,98 MDH - 7,98 MDH
Recom 5,67 MDH 1 MDH 6,67 MDH

Une situation loin de faire le bonheur de ce qu'El Khalfi désignait encore ce week-end comme "les petits producteurs". Et Mostafa El Bied de s'interroger d'ailleurs à ce propos : "Que veut-il insinuer par là ? Qui sont censées être ces petites maisons de production ? S'agit-il des nouvelles venues ou de celles qui existent depuis des années mais n'ont pas les mêmes moyens que celles qui ont décroché les marchés ?". A vouloir "satisfaire" tous les acteurs du secteur, El Khalfi s'est encore plus enfoncé. A en juger par les remarques et réclamations des uns et des autres, le système des appels d'offres ne convient pas du tout au secteur. Alors que les plus gros s'accaparent les plus belles parts du gâteau, les autres, eux, continuent de se disputer les petites productions, quand il en reste d'ailleurs. "Nous sommes en train de mourir à petit feu", s'indigne El Bied.

"Cela faisait déjà deux ans que nous avions dû arrêter le travail avec le changement des cahiers des charges; maintenant que la machine est repartie, nous sommes exclus", regrettent ces producteurs qui ne comptent pas se laisser faire. "Nous avons déjà engagé une action en justice, et nous allons continuer à nous mobiliser jusqu'à ce que ce système soit changé et devienne conforme à la loi", explique El Bied. "Nous irons jusqu'aux plus hautes instances du royaume", clame cet autre producteur, annonçant que ce groupement compte remettre un mémorandum au chef du gouvernement Abdelilah Benkirane et au cabinet royal pour réclamer une réforme du secteur.

Par Sophia Akhmisse
Le 24/12/2013 à 12h11