Maroc-Afrique: pourquoi les échanges commerciaux bloquent

Chaque jour, 300 navires transitent par les eaux marocaines au niveau du détroit de Gibraltar.

Les échanges commerciaux entre le Maroc et l’Afrique restent limités en raison des obstacles logistiques.. DR

Revue de presseLes échanges commerciaux entre le Maroc et l’Afrique restent limités en raison des obstacles logistiques, le transport terrestre étant la principale option pour les exportateurs marocains. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien L’Economiste.

Le 03/02/2025 à 20h49

Le Maroc cherche à intensifier ses échanges commerciaux avec l’Afrique, mais il fait face à des défis logistiques majeurs. En raison du coût élevé du transport aérien et du déclin de sa flotte maritime nationale, le transport terrestre demeure la principale option pour les exportateurs marocains. C’est ce qu’indique le quotidien L’Economiste dans son édition du mardi 4 février.

Citant Hassan Sentissi El Idrissi, président de l’Asmex (Association marocaine des exportateurs), le quotidien souligne que «les échanges commerciaux entre le Maroc et l’Afrique restent limités en raison des obstacles logistiques». En effet, l’Europe absorbe la majorité des transactions marocaines (63,2%), totalisant 724,8 milliards de dirhams en 2023, soit une augmentation de 5,7% par rapport à l’année précédente. À l’inverse, les échanges avec les pays africains ont chuté à 52,7 milliards de dirhams en 2023 contre 64,4 milliards en 2022, marquant un recul de 18%. Les exportations vers l’Afrique ne représentent que 7,6% du total marocain, alors que des études estiment à 12 milliards de dirhams le potentiel inexploité, selon Omar Hejira, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Industrie et du Commerce, chargé du Commerce extérieur.

Pour stimuler les échanges, le président de l’Asmex met l’accent sur la nécessité de développer le transport maritime et d’établir un pavillon national. Actuellement, les grandes entreprises marocaines recourent majoritairement aux navires européens qui font escale au Maroc avant de rejoindre l’Afrique, générant ainsi des coûts supplémentaires. Ces défis logistiques peuvent alourdir le prix des marchandises de 35 à 55%, réduisant la compétitivité des produits marocains face à une concurrence internationale accrue.

Dans les années 70 et 80, la flotte maritime marocaine était en plein essor grâce à un cadre réglementaire incitatif et à des mesures de protection du pavillon national. En 1989, elle comptait 73 navires, selon le rapport annuel 2023 du CESE (Conseil économique, social et environnemental). Cependant, dès les années 90, cette dynamique s’est inversée, notamment avec l’abrogation des codes d’investissement sectoriels au profit de la charte de l’investissement de 1995, qui ne prenait pas en compte les spécificités du transport maritime. Entre 1990 et 2000, la flotte est passée de 71 à 52 navires, poursuivant son déclin jusqu’à atteindre 40 navires en 2008 et seulement 16 en 2020.

«Plusieurs facteurs ont contribué à cette régression, notamment l’endettement et la liquidation de grandes compagnies maritimes marocaines telles que Limadet, Comanav, Comarit et la Générale Maritime. De plus, la libéralisation soudaine du transport maritime de fret en 2006 a privé les opérateurs nationaux de parts de marché essentielles», explique L’Economiste.

En 2022, seulement 5% des échanges extérieurs du Maroc étaient assurés par la marine marchande nationale, contre 23% en 1985. De plus, les segments stratégiques tels que les phosphates, le charbon, les voitures neuves et les céréales ne bénéficient d’aucune couverture nationale, rendant le pays dépendant des armateurs étrangers et vulnérable aux fluctuations de leurs pratiques commerciales.

Pour renforcer sa présence commerciale en Afrique, le Maroc doit impérativement relancer son secteur maritime afin de garantir une logistique efficace et compétitive. La mise en place d’une flotte nationale robuste apparaît ainsi comme un levier essentiel pour soutenir le développement économique et commercial du pays sur le continent.

Par Lamia Elouali
Le 03/02/2025 à 20h49